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ject his judges to the same punishment for upholding themblind, monstrous prejudice.

After pointing out the effects of prejudice, our author proceeds to inquire if the people are susceptible of instruction, and if it be dangerous to enlighten them. The doctrine of the danger of enlightening the people, seems to be fast retreating to the damp and unholy cells from which it was first sent forth to desolate mankind, when knowledge was regarded as a portentous comet, which, if it came too near the earth, would set the world on fire. It is no longer openly maintained, in our country at least, that men are better subjects or better servants, because they can neither read nor write, think, nor reason. But although this may be admitted as a general proposition, it is so far modified and restrained that the mass of the people are only allowed to think and reason for themselves in such a manner as those who have authority over them may, either from prejudice or interest, prescribe.

Insurrections and revolutions are not caused by the reading, thinking part of society, but by the uneducated populace, who being weighed down by an intolerable load of misery, are readily persuaded, by factious and ambitious men, to listen to any remedy, and apply it at all risks. Blinded by ignorance and prejudice, they rush to the destruction of each other; but instead of gaining any accession of happiness by the change, their last state frequently becomes worse than the first.

"Truth and reason never cause revolutions on the earth; they are the fruit of experience, which can only be exercised when the passions are at rest; they excite not in the heart those furious emotions which shake empires to their base. Truth can only be discovered by peaceful minds: it is only adopted by kindred spirits. If it change the opinions of men, it is only by insensible gradations-a gentle and easy descent conducting them to reason. The revolutions caused by the progress of truth are always beneficial to society, and are only burthensome to those who deceive and oppress it." p. 48.

To this succeeds the following passage, the latter part of which is eloquent.

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"Le philosophe à force de méditer découvre la vérité; elle n'est si difficile à découvrir que parce que tout conspire à la voiler à nos yeux; perpétuellement adultérée par le mensonge, elle devient méconnoissable; c'est en la séparant de l'alliage de l'imposture que le Sage la reconnoit: si sa nudité paroit d'abord choquante à des hommes prévenus, leurs yeux s'accoutumeront peu-à-peu à contempler ses charmes naturels, sans doute bien plus touchans que tous les vains ornemens dont on la couvre et qui ne servent qu'à la défigurer. Avant d'être ornée, la vérité doit avoir des fondemens solides; elle doit ressembler à ces monumens d'architecture dans lesquels l'ordre le plus stable sert d'appui à tous les autres.

"C'est au gouvernement et sur-tout à l'éducation qu'il appartient de rendre commune et populaire la vérité que le sage a tant de peine a découvrir; en vain l'auroit-il tirée du fond du puits, si l'autorité tyrannique la force d'y rentrer. L'expérience et l'habitude parviennent à faciliter à l'homme du peuple, à l'artisan le plus grossier, des opérations très-compliquées; sommes-nous donc en droit de douter que l'habitude et l'expérience ne lui facilitassent de même la connoisance si simple des devoirs de la morale et des préceptes de la raison desquels dépend évidemment son bonheur? J'ai vu, dit Confucius, des hommes peu propres aux sciences, je n'en ai point vu qui fussent incapables de

vertus.

"L'erreur n'est une maladie innée du genre humain, la guérison de son esprit n'est devenue si difficile que parceque l'éducation lui fait sucrer avec le lait un venin dangereux, qui finit par s'identifier avec lui, et qui, développé par les circonstances, produit dans les sociétés les ravages les plus affreux. Par-tout les empoisonneurs de genre humain sont chéris, honorés, récompensês; leurs attentats sont protégés, leurs leçons et leurs instructions sont chèrement payées; l'autorité suprême, complice de leurs iniquités, force les peuples à recevoir de leurs mains la coupe de l'imposture, et punit tous ceux qui refusent d'y boire. Par-tout les médecins qui possedent le contrepoison de l'erreur, sont traités d'imposteurs, sont découragés, proscrits ou forcés de se taire. Si les gouvernemens donnoient à la vérité les mêmes secours qu'ils fournissent au mensonge, on verroit bientôt les folies des hommes disparoître et faire place à la raison. C'est dans l'âge tendre que l'erreur s'empare de l'homme, c'est dans sa jeunesse qu'il se familiarise avec des opinions monstreuses dont il est la dupe toute sa vie; si l'education parvient à lui faire adopter les notions les plus fausses, les idées les plus extravagantes, les usuages les plus nuisibles, les pratiques les plus gênantes, pourquoi l'èducation ne parviendroit-elle pas à lui faire adopter des vérités démontrées, des principes raisonnables, une conduite sensée, des vertus nécessaires à sa félicité?

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L'opinion, comme on a dit, est la reine du monde. Mais qu'estce que l'opinion? C'est la vérité ou la faussété environnée de ténebres. Si le mensonge pris pour la vérité, si la vérité enveloppée d'obscurité, gouvernent le monde, pourquoi la vérité simple ne prendroit-elle pas le même empire sur l'esprit des mortels? Si l'on refusoit ce pouvoir à la simple, il ne faudroit plus dire que l'homme est un être raisonnable par son essence, il faudroit dire qu'il est destiné à une éternelle déraison.

"Si la religion est parvenue à dégrader l'homme, à le rendre l'ennemi de lui-même et des autres, pourquoi la raison ne lui inspireroitelle pas de l'élévation, de l'estime pour lui-même, le desir de mériter celle de ses concitoyens? Si la superstition fait éclorre en lui un zéle destructeur, un fanatisme dangereux, une ardeur fatale pour nuire, pourquoi une politique éclairée n'exciteroit-elle pas en lui la grandeur d'ame, la passion d'ètre utile, l'enthousiasme de la vertu? Si dans la Grece et dans Rome l'on est parvenu jadis à former des peuples de héros; si les écoles d'Athénes se sont remplies de sages, en se servant des mêmes mobiles pourquoi désespérer aujourd'hui de faire naitre au sein

des nations des citoyens actifs, éclairés, magnanimes et vertueux? Estil donc plus aisé de faire un fanatique, un martyr, un pénitent, un dévot, un courtisan abject que de former un enthousiaste du bien public, un soldat courageux, un homme utile à lui-même et précieux aux autres ? Est-il donc plus facile de briser que d'élever l'ame? La race humaine seroit-elle donc entiérement dégénérée?

"Ne lui faisons point l'injure de le penser; les mêmes ressorts auront toujours le même pouvoir sur les volontés humaines. Si nos institutions politiques veulent encore des citoyens, des héros et des sages, nous en verrons, sans doute; si nous ne trouvons par-tout que des superstitieux pusillanimes, des guides ignorans, des enthousiastes dangereux, des ministres incapables, des grands sans mérite, des esclaves rampans, c'est parceque la religion, le gouvernement, l'éducation et les opinions ridiculès dont les nations sont infectées, conspirent à ne former que des êtres abjects ou nuisibles à la patrie. (*) Pourquoi dans cette Espagne, si favorisée par la nature, ne vois-je par-tout que des dévots plongés dans la misere, indifférens sur la patrie, dépourvus d'industrie, étrangers à toute science? C'est que dans ce pays la superstition et le despotisme sont parvenus à dénaturer l'homme, à briser les ressorts de son ame, à engourdir les peuples; il n'existe point de patrie pour eux; l'activité et l'industrié leur seroient inutiles; la science seroit punie; l'oisiveté, l'ignorance et des connoissances futiles y sont uniquement honorées, encouragées, récompensées; le génie y est étouffé à moins qu'il ne se porte sur des objets méprisables; la nation ne veut que des superstitieux et des prêtres; elle ne considere que les guides qui l'aveuglent, elle regarde comme un ennemi tout homme qui voudroit l'éclairer; elle fait bien plus de cas du fainéant qui prie que du soldat qui la défend; il n'est donc point surprenant si elle ne renferme ni citoyens, ni soldats, ni sages, ni talens. D'où viennent dans le midi de l'Europe ces mœurs si dissolues, ces fréquens adulteres, ces assassinats sans nombre? C'est que dans ces pays l'orthodoxie est la seule vertu; la religion y expie tous le crimes; des pratiques religieuses et la croyance de quelques dogmes absurdes tiennent lieu de la morale, et les écoles de la jeunesse ne retentissent que des disputes vaines et des subtilités puériles de quelques théologiens, qui

(*) "Ceux qui doutent de la possibilité de guérir les peuples de leurs préjugés, n'ont qu'à jetter les yeux sur les Anglois, les Hollandois, les Suisses, &c. qui se sont très-promptement guèris d'une partie des opinions de l'Eglise Romaine, qu'ils avoient longtems respectées, et des préjuges politiques qui les tenoient asservis au depotisme. On nous dira que c'est par des troubles et des revolutions que ces peuples sont parvenus à se détromper. On répondra que c'est l'esprit tyrannique et persecuteur des Princes, le fanatisme des Prêtres, l'ambition des grands qui ont causé ces troubles, qui eussent été moins grands si les peuples eussent été plus instruits, et leurs guides plus raissonnables. Enfin on répondra que ces peuples, après tout, y ont visiblement gagne, et que des troubles passagers sont plus avantageux qu'une langueur éternelle sous une tyrannie continuée.

employent leur génie à des objets totalement étrangers au bien-être des peuples."

Those who reflect upon the veneration with which society regards that which exists, and the difficulty with which the commonest truths in science and mechanics have been established and adopted, cannot apprehend any real danger from the extirpation of prejudices, which must be the gradual work of time, and not the effect of any sudden revulsion of opinion. Nor are sovereigns really less interested than their subjects, in establishing the empire of truth and reason.

“Il n'y a que la vérité qui puisse désabuser les rois de ces vaines idées. Elle leur apprendra qu'ils sont des hommes et non des dieux; que leur pouvoir n'est point émané du ciel, mais emprunté des nations, qui les ont choisis pour veiller à leur intérêts: que la législation n'est point faite pour être l'expression des caprices d'un seul ou de l'avidité d'une cour, mais des volontés générales de la nation qui s'y soumet pour son bien; que l'autorité est établie pour assurer le bien-être de tous et ne peut sans crime être tournée contre eux; que les récompenses de l'etat ne sont point destinées à l'inutilité titrée, à la naissance orgueilleuse, au vice intriguant, à la bassesse rampante, à l'incapacité favorisée; que ces récompenses sont faites pour encourager et payer le mérite personnel, les services réels, les talens véritables, les vertus dont la patrie recueille les heureux fruits. En un mot, tout souverain qui voudra consulter la raison apprendra qu'il ne peut avoir de vraie puissance, de titres assurés, de droits incontestables, s'il ne les fonde sur les volontés de ses sujets, réunis pour concourir au bien public avec lui; qu'il ne peut en être sincérement aimé, s'il ne mérite leur amour; qu'il ne peut obtenir de la gloire, s'il ne fait des choses utiles et grandes ; qu'il ne peut échapper à l'ennui qu'en s'occupant de ses devoirs. La vérité lui montrera par des exemples sans nombre que ce despotisme effréné, que cette puissance sans limites, à laquelle tous les princes desirent de parvenir, que la flatterie leur adjuge, que la religion sanctifie et décerne au nom des dieux, que l'inertie des peuples leur laisse souvent exercer, est un glaive à deux tranchans, toujours prêt à blesser l'imprudent qui le manie."

"Ne regardons point comme impossible le projet de concilier les intérêts de la vérité avec ceux des souverains et des peuples qu'ils gouvernent. Que l'on ne traite point de chimérique l'espoir de voir des circonstances favorables, dans lesquelles la politique éclairée par la raison sentira l'importance d'anéantir les préjugés, qui par-tout s'opposent à la félicité publique. Quoi! les maîtres de la terre ne verront-ils jamais que leurs intérêts véritables ne peuvent être séparés du ceux de leurs nations sans lesquelles ils ne seroient rien? Ne se convaincrontils point que leur bien-être propre, que leur pouvoir réel, que la solidité de leur trône, dépendent des efforts sinceres d'un peuple magnanime, que son propre bonheur intéresse à seconder leurs vues? Préférer ont-ils toujours le foible avantage de commander à des esclaves ignorans et mécontens, au plaisir de commander à des citoyens fideles,

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attachés, industrieux, vertueux? Ne se lasseront-ils jamais de voir leurs etats dévastés par les fureurs religieuses, dévorés par des prêtres inutiles, déchirés par leurs querelles; soulevés par les passions des grands ambitieux, pillés par des sangsues publiques, réduits au désespoir pour enrichir des courtisans perfides ou pour charmer l'oisiveté d'une cour?" p. 77.

One of the commonest prejudices is the veneration paid to antiquity. "The opinion which men entertain of antiquity is a very idle thing, and almost incongruous to the word: for the old age and length of days of the world should, in reality, be accounted antiquity, and ought to be attributed to our own times, not to the youth of the world, which it enjoyed amongst the ancients; for that age, though with respect to us it be ancient and greater, yet with regard to the world, it was new and less." Bacon's Nov. Organ. Shaw's translation.

"Where should we be, if our ancestors had had for theirs, and these for their predecessors, the blind veneration for ancient prejudices which is now required of us? Man would still be a savage-he would still wander in the woods, eat acorns and undressed food.

"It is evident that nature has made man susceptible of experience, and consequently more and more perfectible; it is absurd then to wish to arrest him in his course in spite of the eternal law which impels him forward." p. 97.

Amongst this class of prejudices is that of "birth” or ancestry. When a long line of ancestors is made the source of personal vanity, nothing appears more childish, if their descendant be of a virtuous and honorable carriage, and nothing more ridiculous, if he be of a vicious one. If he pride himself on the virtues of his progenitors, it is an amiable prejudice, which we can forgive; if he make it the reason of his pursuing the same course, we may approve the effect, although we may still think that he ought to have had higher and nobler motives. M. Marsais observes,

"Par une suite de ce préjugé ridicule, pour estimer un homme on ne demande jamais ni ce qu'il est, ni les talens qu'il possede, ni les vertus dont il est orné; on se borne à demander le nom de ses ancêtres. En conséquence de cette idée, dont souvent on est la dupe même lorsqu'on en sent le ridicule, le mérite obscur est oublié; les talens sont mis au rebut quand ils n'ont point un nom ou des titres à présenter; la naissance est une tache qui étouffe toutes les vertus; l'homme que la nature a doué du génie le plus vaste, des connoissances les plus rares, de la plus grande capacité, ne peut songer à se placer sur la même ligne qu'un stupide distingué par ses ayeux, mais qui n'est rien par lui-même. Que dis-je? Le grand homme ne peut se tirer de l'abjection qu'en rampant en esclave aux pieds de l'ignorance hautaine. Lorsqu'un heureux hazard éleve aux grandes places un homme obscur,

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