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perce, le pire des pédants, celui qui, ne sachant pas, veut paraître savoir, qui cite l'histoire de tous les pays, allègue Jupiter, Saturne, Osiris, Fo-hi, Confucius, Manco-Capac, Mahomet, et disserte sur toutes ces civilisations si mal débrouillées, si inconnues, comme s'il les avait étudiées solidement, dans les sources, lui-même, et non pas sur des extraits de son secrétaire ou dans les livres de seconde main. Un jour l'entreprise tourna mal; ayant voulu prendre part à une querelle littéraire, et réclamer la supériorité pour les anciens contre les modernes, il se crut helléniste, antiquaire, raconta les voyages de Pythagore et l'éducation d'Orphée, fit remarquer que les anciens sages de la Grèce « étaient communément d'excellents poëtes « et de grands médecins; si versés dans la philosophie naturelle, qu'ils prédisaient non-seulement les éclipses dans le ciel, mais les tremblements de terre et les tempêtes, les grandes sécheresses et les «randes pestes, l'abondance ou la rareté de telles « sortes de fruits ou de grains1,» talents admirables et que nous ne possédons plus aujourd'hui. Outre cela il regretta la décadence de la musique « qui autrefois << enchantait les hommes, les bêtes, les oiseaux, les serpents, au point que leur nature même en était

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1. They were commonly excellent poets, and great physicians : they were so learned in natural philosophy, that they foretold not only eclipses in the heavens, but earthquakes at land, and storms at sea, great droughts, and great plagues, much plenty or much scarcity of certain sorts of fruits or grain; not to mention the magical powers attributed to several of them, to allay storms, to raise gales, to appease commotions of people, to make plagues ceasc.

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changée1. Il voulut énumérer les plus grands écrivains modernes et oublia dans son catalogue,« parmi <les Italiens, Dante, Pétrarque, l'Arioste et le Tasse; parmi les Français, Pascal, Bossuet, Molière, Cor

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neille, Racine et Boileau; parmi les Espagnols, Lope * et Calderon; parmi les Anglais, Chaucer, Spencer, Shakspeare et Milton;

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Paolo Sarpi, Guevara, sir
Voiture et Bussy-Rabutin,

en revanche il y inséra

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Philip Sidney, Selden, auteur des Amours de Gaul. Pour tout combler, il déclara authentiques et admirables les fables d'Esope, cette pesante rédaction byzantine, et les lettres de Phalaris, cette méchante fabrication sophistique; deux ouvrages, selon lui, qui, étant les plus anciens dans leur genre, sont

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aussi les meilleurs dans leur genre. » Enfin, pour s'enferrer lui-même sans rem.ède, il remarqua gravement que sans doute quelques savants, du moins « de ceux qui passent pour tels sous le nom de critiques, n'avaient point estimé ces lettres authentiques; mais qu'il fallait être un bien médiocre peintre pour ne point y reconnaître une peinture originale. Une telle diversité de passions dans une « telle variété d'actions et de circonstances de la vie

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1. What are become of the charms of music, by which men and beasts, fishes, fowls and serpents, were so frequently enchanted, and their very natures changed; by which the passions of men were aised to the greatest height and violence, and then as suddenly apDeased, so as they might be justly said to be turned into lions or ambs, into wolves or into harts, by the powers and charms of this dmirable art?

2. Macaulay, Essai sur William Temple.

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« et du gouvernement, une telle liberté de pensée, • une telle hardiesse d'expression, une telle libéra«lité envers ses amis, un tel dédain de ses ennemis, << une telle considération pour les hommes savants, « une telle estime pour les gens de bien, une telle connaissance de la vie, un tel mépris de la mort, en même temps qu'une telle âpreté de naturel et une • telle cruauté dans la vengeance, n'ont pu être ja"mais manifestés que par celui qui les a possédés; et j'estime Lucien auquel on les attribue aussi incapable de les écrire que de faire ce que Phalaris a 1 « osé 1. » Très-belle rhétorique; il est fâcheux qu'une

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1. It may, perhaps, be further affirmed, in favour of the ancients, that the oldest books we have are still in their kind the best. The two most ancient that I know of in prose, among those we call profane authors, are still Esop's Fables and Phalaris's Epistles, both living near the same time, which was that of Cyrus and Pythagoras. As the first has been agreed by all ages since for the greatest master in his kind, and all others of that sort have been but imitations of his original, so I think the Epistles of Phalaris to have more race, more spirit, more force of wit and genius, than any others I have ever seen, either ancient or modern. I know several learned men (or that usually pass for such, under the name of critics) have not esteemed them genuine, and Politian, with some others, have attributed them to Lucian; but I think he must have little skill in painting, that cannot find out this to be an original; such diversity of passions, upon such variety of actions and passages of life and government, such freedom of thought, such boldness of expression, such bounty to his friends, such scorn of his enemies, such honour of learned men, such esteem of good, such knowledge of life, such contempt of death, with such fierceness of nature and cruelty of revenge, could never be represented but by him that possessed them; and I esteem Lucian to have been no more capable of writing than of acting what Phalaris did. In all one writ, you find the scholar or the sophist; and in all the other, the tyrant and the commander. (Of ancient and modern learning, 469.)

phrase si bien faite couvre de telles sottises. Telle que la voilà, elle parut triomphante, et l'applaudisseIment universel dont fut accueilli ce beau bavardage I oratoire, montre les goûts et la culture, l'insuffisance et la politesse de ce monde élégant dont Temple était la merveille, et qui, comme Temple, n'aimait de la vérité que le vernis.

IV

{ Ce sont là les mœurs oratoires et polies qui peu à peu, à travers l'orgie, percent et prennent l'ascendant. Insensiblement le courant se nettoie et marque sa vọie, comme il arrive à un fleuve qui, entrant violemment dans un nouveau lit, clapote d'abord dans une tempête de bourbe, puis pousse en avant ses eaux encore fangeuses qui par degrés vont s'épurer. Ces débauchés tâchent d'être gens du monde et parfois y réussissent. Wycherley écrit bien, trèsclairement, sans la moindre trace d'euphuïsme, presque à la française. Son Dapperwitt dit de Lucy, en périodes balancées : «Elle est belle sans affectation, folâtre sans grossièreté, amoureuse sans impertinence. » Au besoin il est ingénieux, ses gentlemen échangent des comparaisons heureuses. Les maîtresses, dit l'un, sont comme les livres : si vous vous y appliquez trop, ils vous alourdissent, et vous rendent impropre au monde; mais si vous en usez avec discrétion, vous n'en êtes que plus propre à la conversation. Oui, dit un autre, une

LITT. ANGL.

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<< maîtresse devrait être comme une petite retraite à la campagne, près de la ville, non pour y demeurer << constamment, mais pour y passer la nuit de temps « en temps. Et vite dehors, afin de mieux goûter la < ville au retour! Ces gens font du style, même à contre-temps, et en dépit de la situation ou de la condition des personnages. Un cordonnier dit dans Etheredge « Il n'y a personne dans la ville qui vive plus en gentilhomme que moi avec sa femme. Je ne m'inquiète jamais de ses sorties, elle ne s'informe jamais des miennes; nous nous parlons civilement << et nous nous haïssons cordialement 2. » L'art est parfait dans ce petit discours : tout y est, jusqu'à l'antithèse symétrique de mots, d'idées et de sons; quel beau diseur que ce cordonnier satirique! Après la satire, le madrigal. Tel personnage, au beau milieu du dialogue et en pleine prose, décrit « de

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jolies lèvres boudeuses avec une petite moiteur qui s'y pose, pareilles à une rose de Provins fraîche « sur la branche, avant que le soleil du matin en ait « séché toute la rosée 3. » Ne voilà-t-il pas les gra

1. Mistresses are like books; if you pore upon them too much they doze you, and make you unfit for company; but if used dis cretly, you are the fitter for conversation by them.

A mistress should be like a little country retreat near the town not to dwell in constantly, but only so a night, and away, to tast the town the better when a man returns.

2. There is never a man in the town lives more like a gentlema with his wife than I do. I never mind her motions; she never en quires into mine. We speak to one another civilly, hate one and ther heartily.

3. Pretty pouting lips, with a little moisture hanging on the

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