<des deux moitiés, en sorte que de ce côté je ne pus rien découvrir; mais l'autre était un vaste océan « semé d'îles innombrables : ces îles étaient couvertes « de fruits et de fleurs, et entrecoupées de mille petites mers brillantes qui serpentaient tout au tra« vers. J'y pus distinguer des personnages revêtus d'habits glorieux avec des couronnes sur leurs têtes, les uns passant parmi les arbres, d'autres couchés << au bord des fontaines, d'autres reposant sur des lits de fleurs, et j'entendis une harmonie confuse « de chants d'oiseaux, d'eaux murmurantes, de voix << humaines et d'instruments mélodieux. La joie entra dans mon cœur à la vue d'une apparition si « délicieuse. Je souhaitai les ailes d'un aigle pour « m'envoler jusqu'à ces demeures fortunées; mais « le Génie me dit qu'on n'y pénétrait que par les « portes de la mort que je voyais s'ouvrir à chaque « instant sur le pont. - Ces fles, me dit-il, que tu avois si fraîches et si vertes et dont la face de l'Océan << semble bigarrée aussi loin que tes regards portent, << sont plus nombreuses que les grains de sable sur le rivage de la mer; il y en a des myriades derrière < celles que tu découvres, au delà de ce que ton œil, ◄ et même de ce que ton imagination peut atteindre. Elles sont les demeures des hommes de bien après << leur mort.... Ne sont-ce point là, ô Mirza, des asiles dont la possession mérite des efforts? La vie sem«ble-t-elle misérable, lorsqu'elle fournit l'occasion « de gagner une telle récompense? Dois-tu craindre << la mort qui te conduit vers une vie si heureuse? α « Ne juge pas que l'homme ait été fait en vain, puisqu'une telle éternité lui a été réservée.-Je contemplai avec un plaisir inexprimable ces îles bien« heureuses. Maintenant, dis-je au Génie, montremoi, je t'en supplie, les secrets cachés derrière ces noirs nuages qui couvrent l'Océan de l'autre côté du << roc de diamant. Comme le Génie ne me répondit pas, je me tournai pour lui faire une seconde fois «ma demande, mais je trouvai qu'il m'avait quitté. « Je voulus revoir alors la vision que j'avais si long temps contemplée. Mais au lieu de la marée roulante, du pont avec ses arches, et des fles heureuses, je ne vis rien que la longue vallée creuse « de Bagdad avec les troupeaux de bœufs, de brebis « et de chameaux qui paissaient sur ses deux flancs. » Dans cette morale ornée, dans cette belle raison si correcte et si éloquente, dans cette imagination ingénieuse et noble, je trouve en abrégé tous les traits d'Addison. Ce sont les nuances anglaises qui distinguent leur âge classique du nôtre, une raison plus étroite et plus pratique, une urbanité plus poétique et moins éloquente, un fonds d'esprit plus inventif et plus riche, moins sociable et moins délicat. FIN DU TROISIÈME VOLUME. V. Quelle est la philosophie qui convient à ces mœurs. son esprit et son style. Ses retranchements et ses découvertes. Sa méthode mathématique.— En quoi il se rapproche de Des- cartes. Sa morale, son esthétique, sa politique, sa logique, sa psychologie, sa métaphysique. Esprit et objet de sa philoso- VI. Le théâtre. Changement dans le goût et dans le public. L'auditoire avant la Restauration, et l'auditoire après la Restau- VII. Dryden. Disparates de ses comédies. Maladresse de ses in- décences. Comment il traduit l'Amphitryon de Molière.... 42 VIII. Wycherley. — Sa vie. Son caractère. — Sa tristesse, son II. Avénement de l'esprit classique en Europe. Ses caractères. Différence de la conversation sous Elisabeth et Son poëme de Cooper's Hill. - Ampleur oratoire de ses vers. - Gravité anglaise de ses préoccupations Comparaison de ce théâtre et de celui de Mo- dans Molière. Comment chez Molière l'odieux est dissimulé, - |