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Au milieu de la dispute théologique se développent des paysages; il voit de nouveaux bourgeons fleu <rir, de nouvelles fleurs se lever, comme si Dieu eût • laissé en cet endroit les traces de ses pas et réformé « l'année. Les collines pleines de soleil brillaient dans le lointain sous les rayons splendides, et, dans « les prairies au-dessous d'elles, les ruisseaux polis « semblaient rouler de l'or liquide. Enfin ils entendirent chanter le coucou folâtre, dont la note proclamait la fête du printemps1. On démêle sous ses vers réguliers une âme d'artiste 2; quoique ré tréci par les habitudes du raisonnement classique, quoique roidi par la controverse et la polémique, quoique impuissant à créer des âmes ou à peindre les sentiments naïfs et fins, il reste vraiment poëte; il est troublé, soulevé par les beaux sons et les belles formes; il écrit hardiment sous la pression d'idées véhémentes; il s'entoure volontiers d'images magnifiques; il s'émeut au bruissement de leurs essaims, au chatoiement de leurs splendeurs ; il est au besoin

1.

2.

New blossoms flourish and new flowers arise,
As God had been abroad, and, walking there,
Had left his footsteps and reform'd the year.
The sunny hills from far were seen to glow
With glitt'ring beams, and in the meads below
The burnish'd brooks appear'd with gold to flow,
As last they heard the foolish cuckoo sing,
Whose note proclaim'd the holyday of spring.

For her the weeping heaven become serene,
For her the ground is clad in cheerful green,
For her the nightingales are taught to sing,
And nature for her has delayed the spring.

Ces vers charmants sur la duchesse d'York rappellent ceux de La Fontaine sur la princesse de Conti.

musicien et peintre; il écrit des airs de bravoure qui ébranlent tous les sens, s'ils ne descendent pas jusqu'au cœur. Telle est cette ode pour la fête de sainte Cécile, admirable fanfare où le mètre et le son impriment dans les nerfs les émotions de l'esprit, chefd'œuvre d'entraînement et d'art que Victor Hugo seul a renouvelé1. Alexandre est sur son trône dans le palais de Persépolis; à côté de lui Thaïs florissante de beauté; devant lui, dans l'immense salle, tous ses glorieux capitaines. Et Timothée chante: il chante Bacchus, Bacchus toujours beau, Bacchus toujours jeune; le joyeux dieu vient en triomphe: sonnez a les trompettes! battez les tambours ! Il vient la face empourprée, les yeux riants; que les hautbois ré<< sonnent! Il vient, il vient, Bacchus toujours beau, toujours jeune; Bacchus a le premier établi les joies du vin; les dons de Bacchus sont un trésor; « le vin est le plaisir du soldat; riche est le trésor, doux est le plaisir; doux est le plaisir après la

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2.

The praise of Bacchus then the sweet musician sung,
Of Bacchus, ever fair and ever young.

The jolly god in triumph comes;
Sound the trumpets, beat the drums.
Flush'd with a purple grace,

He shows his honest face.

Now give the hautboys breath; he comes! he comes.
Bacchus! ever fair and young,

Drinking joys did first ordain;
Bacchus blessings are a treasure,
Drinking is the soldiers's pleasure;
Rich the treasure,

Sweet the pleasure;
Sweet is pleasure after pain.

trouble; ses joues s'enflamment, ses combats lui reviennent en mémoire ; il défie les hommes et les dieux. Alors un chant triste l'apaise: Timothée pleure la mort de Darius trahi. Puis un chant tendre l'amollit: Timothée célèbre l'amour et la rayonnante beauté de Thaïs. Tout à coup les sons de la lyre s'enflent; ils s'enflent plus haut; ils grondent comme un tonnerre; le roi assoupi se redresse égaré, les yeux fixes. Ven<< geance! vengeance! regarde les Furies qui se lèvent; regarde les serpents qu'elles brandissent, « comme ils sifflent dans l'air! et ces étincelles qui jaillissent de leurs yeux! Vois cette bande de spectres, chacun une torche à la main: ce sont les spectres des Grecs immolés dans les batailles, laissés sur la plaine sans sépulture, sans honneur! Regarde comme ils secouent leurs torches, comme « ils les lèvent, comme ils montrent les palais persans, les temples étincelants des dieux leurs ennemis1 ! Les princes applaudissent, ils saisissent

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1.

Now strike the golden lyre again:

And louder yet, and yet a louder strain.

Break his bands of sleep asunder,

And rouse him, like a rattling peal of thunder.

Hark, hark, the horrid sound

Has rais'd up his head,
As awak'd from the dead,
And amaz'd, he stares around.
Revenge! revenge! Timotheus cries,
See the furies arise!

See the snakes that they bear,
How they hiss in the air!

And the sparkles that flash from their eyes!

Behold a ghastly band,

Each a torch in his hand!

These are Grecian ghosts, that in battle were slain,

And unbury'd remain

Inglorious on the plain:

des flambeaux, ils courent, Thaïs la première, et la nouvelle Hélène brûle la nouvelle Troie ! Ainsi jadis la musique attendrissait, exaltait, maîtrisait les hommes; les vers de Dryden retrouvent son pouvoir en le décrivant.

X

Ce fut là une de ses dernières œuvres; toute brillante et poétique, elle était née parmi les pires tristesses. Le roi pour lequel il avait écrit était détrôné et chassé; la religion qu'il avait embrassée était méprisée et opprimée; catholique et royaliste, il était confiné dans un parti vaincu, que la nation considérait avec ressentiment et avec défiance comme l'adversaire naturel de la liberté et de la raison. Il avait perdu les deux places qui le faisaient vivre; il subsistait misérablement, chargé de famille, obligé de soutenir ses fils à l'étranger, traité en mercenaire par un libraire grossier, forcé de lui demander de l'argent pour payer une montre qu'on ne voulait pas lui laisser à crédit, priant lord Bolingbroke de le protéger contre ses injures, vilipendé par son boutiquier quand

Give the vengeance due

To the valiant crew:

Behold how they toss their torches on high,
How they point to the Persian abodes,

And glitt'ring temples of their hostile gods!

The princes applaud with a furious joy,

And the King seiz'd a flambeau with a zeal to destroy.
Thaïs led the way,

To light him to his prey,

And, like another Helen, fir'd another Troy.

«

la page promise n'était pas pleine au jour dit. Ses ennemis le persécutaient de pamphlets; le puritain Collier flagellait brutalement ses comédies; on le damnait sans pitié et en conscience. Il était malade depuis longtemps, impotent, contraint de beaucoup écrire, réduit à exagérer la flatterie pour obtenir des grands l'argent indispensable que les éditeurs ne lui donnaient pas1. « Ce que Virgile a composé 2, disait-il, « dans la vigueur de son âge, dans l'abondance et le loisir, j'ai entrepris de le traduire dans le déclin de << mes années; luttant contre le besoin, opprimé par << la maladie, contraint dans mon génie, exposé à voir mal interpréter tout ce que je dis, avec des juges qui, à moins d'être très-équitables, sont déjà indisposés contre moi par le portrait diffamatoire qu'on a fait de mon caractère. » Quoique bien disposé pour lui-même, il savait que sa conduite n'avait pas toujours été digne, et que tous ses écrits n'étaient pas durables. Né entre deux époques, il avait oscillé entre deux formes de vie et deux formes de pensée, n'ayant atteint la perfection ni de l'une ni de l'autre, ayant gardé des défauts de l'une et de l'autre, n'ayant point trouvé dans les mœurs environnantes un soutien digne de son caractère, ni dans les idées environnantes une matière digne de son talent. S'il avait institué la critique et le bon style, cette critique n'avait trouvé place qu'en des traités pédantesqués ou des préfaces

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1. On lui payait dix mille vers deux cent cinquante guinées. 2. Post-scriptum de la traduction de Virgile.

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