Зображення сторінки
PDF
ePub

hommes l'art de bien parler1. D'autre part, les lettres, rapprochées du monde, entraient dans les affaires du monde, et d'abord dans les petites disputes privées. Pendant que les gens de lettres apprennent à saluer, les gens de cour apprennent à écrire. Bientôt ils se mêlent, et naturellement ils se battent. Le duc de Buckingham écrit une parodie de Dryden, le Rehearsal, et prend une peine infinie pour faire attraper au principal acteur le ton et les gestes de son ennemi. Plus tard Rochester entre en guerre avec le poëte, soutient Settle contre lui, et loue une bande de coquins pour stick lui donner des coups de bâton. Dryden'eut, outre cela, des querelles contre Shadwell et une foule d'autres, puis à la fin contre Blackmore et Jeremy Collier. Pour comble, il entra dans le conflit des partis politiques Top et des sectes religieuses, combattit pour les tories et les anglicans, puis pour les catholiques, écrivit la Medaille, Absalon et Achitophel contre les whigs, la Religio Laici contre les dissidents et les papistes, puis la Biche et la Panthère pour le roi Jacques II, avec la logique d'un homme de controverse et Lapreté d'un homme de parti. Il y a bien loin de cette vie militante et raisonneuse aux rêveries et au détachement d'un vrai poëte. De telles circonstances enseignent l'art d'écrire clairement et solidement, le discours méthodique et suivi, le style exact et fort, la plaisanterie et la réfutation, l'éloquence et la satire; car ces dons sont né

1. «< Si quelqu'un me demande ce qui a si fort poli notre conversation, je répondrai que c'est la cour. »

Dryden, Défense de l'Epilogue de la Conquête de Grenade.

Frick

Heard

cessaires pour se faire écouter ou se faire croire, et l'esprit entre de force dans une voie, quand cette voie est la seule qui le conduise à son but. Celui-ci y entrait de lui-même. Dès sa seconde pièce 1, l'abondance des idées serrées, l'énergie et la liaison oratoire, la simplicité, le sérieux, le souffle héroïque et romain annoncent un génie classique, parent non de Shakspeare, mais de Corneille, capable non de drames, mais de discours.

III

Et cependant dès l'abord, il se donna au drame; il en fit vingt-sept, et signa un traité avec les acteurs du Théâtre du Roi pour leur en fournir trois par an. Le théâtre, interdit sous la république, venait de se rouvrir avec une magnificence et un succès extraordinaires. Les décorations enrichies et devenues. mobiles, les rôles de femmes joués non plus par de jeunes garçons, mais par des femmes, l'éclairage splendide et nouveau des bougies, les machines, la popularité récente des acteurs qui devenaient les héros de la mode, l'importance scandaleuse des actrices, qui devenaient les maîtresses des grands seigneurs et du roi, l'exemple de la cour et l'imitation de la France attiraient les spectateurs en foule. La soif du plaisir, longtemps comprimée, débordait. On se dédommageait de la longue abstinence imposée compensate

1. Stances sur la mort d'Olivier Cromwell.

par les puritains fanatiques; les yeux et les oreilles, dégoûtés des visages moroses, de la prononciation nasale, des éjaculations officielles sur le péché et la damnation, se rassasiaient de la douceur des chants, du chatoiement des étoffes, de la séduction des danses voluptueuses. On voulait jouir, et jouir d'une façon nouvelle; car un nouveau monde, celui des courtisans et des oisifs, s'était formé. L'abolition des tenures' féodales, l'augmentation énorme du commerce et def la richesse, l'affluence des propriétaires, qui mettaient des fermiers à leur place et venaient à Londres pour goûter les plaisirs de la ville et chercher les faveurs du roi, avaient installé au sommet de la société, ici comme en France, la classe, l'autorité, les mœurs et les goûts des gens du monde, hommes de salons et de loisir, amateurs de plaisir, de conversation, d'esprit et de savoir-vivre, occupés de la pièce en vogue moins pour se divertir que pour la juger. Ainsi se bâtit le théâtre de Dryden; le poëte, avide de gloire et pressé d'argent, y trouvait l'argent avec la gloire, et innovait à demi, à grand renfort de théories et de préfaces, s'écartant de l'ancien drame anglais, s'approchant de la nouvelle tragédie française, essayant un compromis entre l'éloquence classique et la vérité romantique, s'accommodant tant bien que mal au nouveau public qui le payait et l'acclamait.

« La langue, la conversation et l'esprit, dit-il, se

1. Defence of the Epilogue to the Conquest of Grenada. - Grounds of Criticism in tragedy.

[ocr errors]

sont perfectionnés depuis le siècle dernier, ce qui fait découvrir dans les anciens poëtes beaucoup de autes, et a introduit un genre de drame nouveau. Qu'un homme sachant l'anglais lise attentivement les œuvres de Shakspeare et de Fletcher, j'ose affirmer qu'il trouvera à chaque page, soit quelque solecisme de langue, soit quelque manqué de sens notable. La plupart de leurs fables sont composées avec une histoire ridicule et incohérente. Beaucoup de pièces de Shakspeare sont fondées sur des impossibilités, ou du moins si bassement écrites, que la partie comique n'excite point notre rire, ni la partie sérieuse notre intérêt. Je montrerais aisément que notre Fletcher si admiré n'entendait ni l'art de bien nouer une intrigue, ni ce qu'on appelle les bienséances du théâtre. Par exemple, son Philaster blesse sa maîtresse sur le théâtre; son Berger commet deux fois la même brutalité1.» Nulle part

1. The language, wit, and conversation of our age are improved id refined above the last....

Let us consider in what the refinement of a language principally onsists: That is either in rejecting such old words or phrases hich are ill sounding or improper, or in admitting new, which are ore proper, more sounding, and more significant....

Let any man who understands English, read diligently the works Shakspeare and Fletcher, and I dare undertake that he will find, every page, either some solecism of speech, or some notorious aw in sense.... Many of their plots were made up of some ridicuus or incoherent story, which in one play many times took up the usiness of an age. I suppose I need not name Pericles Prince of yre, nor the historical plays of Shakspeare; besides many of the est, as the Winter's Tale, Love's Labour lost, Measure for Measure, hich were either grounded on impossibilities, or at least so meanly

il ne garde aux rois la dignité royale. D'ailleurs l'ac tion est chez eux toute barbare. Ils mettent des ba tailles sur le théâtre : ils transportent en un instant la scène à vingt ans ou à cinq cents lieues de distance et vingt fois de suite en un acte; ils entassent ensembl trois ou quatre actions différentes, surtout dans les drames historiques. Mais c'est par le style qu'ils pêchent le plus. << Dans Shakspeare, beaucoup de << mots et encore plus de phrases sont à peine intelli gibles, et de celles que nous entendons, quelques << unes sont contre la grammaire, d'autres grossières «et tout son style est tellement surchargé d'expres «sions figurées qu'il est aussi affecté qu'obscur1. Ben Jonson lui-même a souvent de mauvaises con structions, des redondances, des barbarismes. « L'art <de bien placer les mots pour la douceur de la pro « nonciation a été inconnu jusqu'au moment où « M. Waller l'introduisit2. » Enfin tous descendent jusqu'aux calembours, aux expressions populacières

"

written that the comedy neither caused your mirth nor the serious part our concernment.

....

I could easily demonstrate that our admired Fletcher neither understood correct plotting, nor what they call the decorum of the stage.... The reader will see Philaster wounding his mistress, and afterwards his boy, to save himself.... His shepherd falls twice into the former indecency of wounding women. (Defence of the Epilogue, etc.)

1. Many of his words and more of his phrases are scarce intelligible; and of those which we understand, some are ungrammatical others coarse; and his whole style is so pestered with figurativa expressions, that it is affected as it is obscure.

2. Well-placing of words for the sweetness of pronunciation was not known till Mr. Waller introduced it..

« НазадПродовжити »