Зображення сторінки
PDF
ePub

VIH. Apparition de l'art d'écrire. Différence entre la forme d'esprit de l'âge artistique et la forme d'esprit de l'âge classique. Procédés de Dryden. La diction soutenue et oratoire.

IX. Manque d'idées générales en cet âge et dans cet esprit. - Ses remaniements.

traductions.

et ses épîtres.

[blocks in formation]

-

Se

Ses imitations. Ses conte

- Ses mérites. Sérieux de son

caractère, élans de son inspiration, accès d'éloquence poétique. Ode pour la fête de sainte Cécile X. Fin de Dryden. Ses misères. œuvre est incomplète. Sa mort.

[ocr errors]

Sa pauvreté. En quoi son

La comédie nous a emmenés bien loin; il faut revenir, considérer les autres genres. Au centre du grand courant se meut un esprit supérieur. Dans l'histoire de ce talent, on verra l'histoire de l'esprit anglais classique, sa structure, ses lacunes et ses puissances, sa formation et son développement.

I

Il s'agit d'un jeune homme, lord Hastings, mort à dix-neuf ans de la petite vérole.

Son corps était un orbe, et son âme sublime autour des pôles de la vertu et du savoir....

[ocr errors]

[ocr errors]

se mouvait Viens, docte Ptolémée, et essaye de mesurer la hauteur de ce héros.... - Les pustules gonflées d'orgueil qui bourgeonnaient à travers sa chair, comme des boutons 'de roses, s'enfonçaient dans sa peau de lis. - Chaque petite rougeur avait une larme en elle pour pleurer la faute que commettait sa naissance; ou bien étaient-ce des diamants envoyés pour orner sa peau, sa peau, le coffret d'une âme intérieure plus riche encore? Il n'y eut pas besoin de comète pour prédire ce

[ocr errors]

changement, - puisque son cadavre pouvait passer pour une constellation1!

C'est par ces belles choses que débuta Dryden, le plus grand poëte de l'âge classique en Angleterre.

De telles énormités indiquent la fin d'un âge littéraire. L'excès de la sottise en poésie, comme l'excès de l'injustice en politique, amène et prédit les révolutions. La Renaissance, effrénée et inventive, avait livré les esprits aux fougues et aux caprices de l'imagination, aux bizarreries, aux curiosités, aux dévergondages de la verve qui ne se soucie que de se satisfaire, qui éclate en singularités, qui a besoin de nouveautés, et qui aime l'audace et l'extravagance, comme la raison aime la justesse et la vérité. Le génie éteint, resta la folie; l'inspiration ôtée, on n'eut plus que l'absurdité. Jadis le désordre et l'élan intérieur produisaient et excusaient les concetti et les écarts; désormais on les fit à froid, par calcul et sans excuse. Ils exprimaient jadis l'état de l'esprit, désormais ils le démentirent. Ainsi s'accomplissent les révolutions littéraires. La forme, qui n'est plus inven

1.

His body was an orb, his sublime soul

Did move on Virtue's and on Learning's pole.
Come, learned Ptolemy, and trial make

If thou this hero's altitude canst take.

....Blisters with pride swell'd, which through 's flesh did sprout
Like rosebuds, stuck i' th' lilly skin about.
Each little pimple had a tear in it

To wail the fault its rising did commit.

Or were these gems sent to adorn his skin,
The cabinet of a richer soul within?
No comet need foretell his change drew on
Whose corpse might seem a constellation.

tée ni spontanée, mais imitée et transmise, survit à l'esprit passé qui l'a faite, et contredit l'esprit présent qui la défait. Cette lutte préalable, et cette transformation progressive composent la vie de Dryden, et expliquent son impuissance et ses chutes, son talent et son succès.

II

Ses commencements font un contraste frappant avec ceux des poëtes de la Renaissance, acteurs, vagabonds, soldats, qui dès l'abord roulaient dans tous les contrastes et toutes les misères de la vie active. Il naquit vers 1631, d'une bonne famille: son grandpère et son oncle étaient barons; sir Gilbert Pickering, son parent, fut chevalier, député, membre sous Cromwell du conseil des vingt et un, l'un des grands officiers de la nouvelle cour. Dryden fut élevé dans une excellente école, chez le docteur Busby, alors célèbre; il passa ensuite quatre ans à Cambridge. Ayant hérité, par la mort de son père, d'un petit domaine, il n'usa de sa liberté et de sa fortune que pour persister dans sa vie studieuse, et s'enferma à l'université trois ans encore. Vous voyez ici les habitudes régulières d'une famille honorable et aisée, la discipline d'une éducation suivie et solide, le goût des études classiques et complètes. De telles circonstances annonçaient et préparaient non un artiste, mais un écrivain.

Je trouve les mêmes inclinations et les mêmes si

gnes dans le reste de sa vie privée ou publique. Il passe régulièrement sa matinée à écrire ou à lire, puis dine en famille. Ses lectures sont d'un homme instruit et d'un esprit critique, qui songe peu à se divertir où à s'enflammer, mais qui apprend et qui juge Virgile, Ovide, Horace, Juvénal, Perse, voilà ses auteurs favoris; il en traduit plusieurs, il a leurs noms sans cesse sous la plume; il discute leurs opinions et leur mérite, il se nourrit de cette raison que les habitudes oratoires ont imprimée dans toutes les œuvres de l'esprit romain. Il est familier avec les nouvelles lettres françaises, héritières des latines, avec Corneille et Racine, avec Boileau, Rapin et Bossu; il raisonne avec eux, souvent d'après eux, écrit avec réflexion, et ne manque guère d'arranger quelque bonne théorie pour justifier chacune de ses nouvelles pièces. Sauf quelques inexactitudes, il connaît fort bien la littérature de sa nation, marque aux auteurs leur rang, classe les genres, remonte jusqu'au vieux Chaucer, qu'il traduit et rajeunit. Ainsi_muni, il va s'asseoir l'après-midi au café de Will, qui est le grand rendez-vous littéraire; les jeunes poëtes, les étudiants. qui sortent de l'université, les amateurs de style se pressent autour de sa chaise, qui est soigneusement placée l'été près du balcon, l'hiver au coin de la cheminée, heureux d'un mot, d'une prise de tabac respectueusement puisée dans sa docte tabatière. C'est qu'en effet il est le roi du goût et l'arbitre des lettres; il juge les nouveautés, la dernière tragédie de Racine, une lourde épopée de Blackmore, les premières odes then?

[ocr errors]

de Swift, un peu vaniteux, louant ses propres écrits jusqu'à dire « qu'on n'a jamais composé et qu'on ne « composera jamais une plus belle ode» que sa pièce sur la fête d'Alexandre, mais communicatif, aimant ce renouvellement d'idées que la discussion ne manque jamais de produire, capable de souffrir la contradiction et de donner raison à son adversaire. Ces mœurs montrent que la littérature est devenue une œuvre d'étude, non d'inspiration, un emploi du goût, non de l'enthousiasme, une source de distractions, non d'émotions.

Son public, ses amitiés, ses actions, ses luttes aboutissent au même effet. Il vécut parmi les grands et les gens de cour, dans la société de mœurs artificielles et de langage calculé. Il avait épousé la fille de Thomas, comte de Berkshire; il fut historiographe, puis poëte lauréat. Il voyait fréquemment le roi et les princes. Il adressait chacune de ses œuvres à un seigneur dans une préface louangeuse écrite en style de domestique, et qui témoignait d'un commerce intime avec - les grands. Il recevait une bourse d'or pour chaque dédicace, allait remercier, introduisait les uns sous des noms déguisés dans son Essai sur le Drame, écrivait des introductions pour les œuvres des autres, les appelait Mécène, Tibulle ou Pollion, discutait avec eux les œuvres et les opinions littéraires. L'établissement d'une cour avait amené la conversation, la vanité, l'obligation de paraître lettré et d'avoir bon goût, toutes les habitudes de salon qui sont les sources de la littérature classique, et qui enseignent aux

« НазадПродовжити »