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Stuart, qui lui a donné la forme d'un temple grec d'ordre ïonique.

Nous regrettons de n'être pas dans le cas de parler avec précision de ces vues, la pluie nous ayant empêchés de les examiner avec l'attention qu'elles méritent.

Le château est meublé avec élégance, mais plutôt pour l'agrément et l'usage que pour l'ostentation. Les tableaux qu'on y trouve sont en général d'un bon choix; malheureusement nous n'eûmes ni le tems ni le jour suffisans pour les bien voir.

Cette circonstance n'est cependant pas en effet aussi désavantageuse qu'elle paraît l'être. Il faut distinguer entre un tableau destiné à meubler un appartement et un tableau de cabinet. L'effet du premier doit consister dans l'ensemble, la composition surtout, la distribution de lumière et l'harmonie du coloris. Quoiqu'incapable de soutenir un examen rapproché et détaillé, il plaira dans un coup d'oeil rapide. Pour juger ces tableaux, cette manière est même préférable à un plus long examen; puisque l'oeil n'étant point séduit par des détails soignés, pourra juger plus librement de l'effet général. D'un autre côté, il est possible qu'un tableau, qui ne frappe pas à la première

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vue, puisse mériter un examen plus réfléchi. L'expression, la grâce, le dessin et le coloris local peuvent y être dignes de l'attention. Mais quel que soit le mérite d'un tableau de ce genre, s'il ne plaît pas au premier coup d'oeil, il paraît mieux à sa place dans l'atelier d'un peintre ou dans le cabinet d'un connaisseur, que dans un sallon ou une galerie.

Parmi les tableaux de cette collection, dont l'effet nous a le plus frappés, sont deux mendians de Morillos, quelques figures représentant la nuit, par Castelli, un paysage de Daker et un autre de Ruysdaal.

Deux ou trois tableaux du Poussin, qui ont poussé au noir, nous firent naître le regret qu'un aussi grand maître, quoiqu'il n'ait peut-être jamais été excellent coloriste, ait si peu connu la nature de ses couleurs.

En gé

néral, il paraît que les peintres de l'école flamande sont ceux qui ont le mieux entendu la préparation des couleurs. Il serait à désirer que l'on put connaître leur nature avec assez de certitude, pour que le peintre en eût des tables, comme l'apothicaire a sa pharmacopée.

L'examen détaillé des différens bâtimens, des chapelles, salles, bibliothèques, tableaux et jardins d'Oxford nous aurait entraînés trop

loin; nous abandonnâmes donc ce projet, et quittant cette ville, nous nous dirigeâmes sur Woodstock. La route traverse un pays plat, qu'on peut appeler une horreur cultivée.

On a beaucoup critiqué, peut-être trop, la pesanteur et l'énormité du château de Blenheim. En général, on paraît avoir porté trop loin l'admiration pour l'architecture grecque et romaine, qui souvent ne convient pas dans nos climats. Sous un ciel aussi chaud que celui d'Italie, il importait de se mettre à l'abri de la chaleur et d'établir des courans d'air; objet que remplit parfaitement le portique.

Une

Une imitation servile de l'antiquité peut même nous conduire jusqu'à l'absurdité. tête de boeuf, par exemple, qui orne le frontispice d'un temple payen, montre l'usage du bâtiment; mais ce serait un monstre sur le portail d'une église chrétienne, où le sacrifice des animaux est proscrit comme idolâtrie.

Nous nous rendons aussi trop esclaves des règles et des proportions; les anciens euxmêmes n'y donnaient pas autant d'importance Les recherches sur les ouvrages que nous. des anciens, les calculs d'approximation de Sansovino et de Palladio, ont fixé nos lois à

cet égard; mais si ces modernes législateurs de l'art étaient obligés de produire leurs autorités, ils seraient embarrassés de montrer dans les restes de l'ancienne Rome deux bâtimens dont les proportions soient exactement les

mêmes.

Loin de moi cependant l'idée de rejeter le frein salutaire des règles de l'art. Ces règles ont été, dans leur principe, fondées sur de bonnes raisons; ce que j'en dis est seulement pour disculper Vanbrugh. Quoiqu'il soit difficile de plaire en architecture, avec des formes différentes de celles qui sont reçues et usitées; cependant dans un art qui n'a pas ses modèles dans la nature, l'esprit repousse avec dédain toute idée de systême exclusif. Heureusement les Grecs n'ont jamais prétendu que l'invention d'une bonne chose épuisât la faculté d'en trouver d'autres. Comment pour

rions - nous

admirer la beauté de l'ordre ïonique, si l'invention du dorique avait été regardée comme le dernier effort de l'art, et si toute altération de ses proportions avait été repoussée comme une innovation barbare? L'essai de Vanbrugh est certainement un effort de génie, et si l'on pouvait un instant distraire l'imagination de l'idée des cinq ordres,

on trouverait qu'il a créé un ensemble magnifique, investi d'un air de grandeur qui se montre rarement dans un style plus régulier. Ses défauts à part, dont quelques-uns sont trop saillans pour ne pas frapper, sa composition a quelque chose qui n'est pas ordinaire; et l'oeil entouré de grands objets, et frappé du tout s'y fait aisément illusion sur les parties. Ce qui a rendu Vanbrugh ridicule, est d'avoir appliqué à de petites maisons un systême d'architecture qui ne convient qu'à de grands bâti

mens.

L'immense château de Blenheim est placé au milieu d'un grand parc, qui en général est plat. Une plaine proportionnée au bâtiment occupe le front, et, à la distance environ d'un demi-mille, rencontre une vallée étroite et profonde, qui traverse le parc en serpentant. Les côtés de cette vallée sont couverts de beaux bois: autrefois un maigre ruisseau en occupait le fond. Précisément en face du château, on a bâti un pont magnifique d'une seule arche, pour joindre les deux côtés de la vallée.

Une colonne triomphale, placée environ un mille au delà de ce pont, a été très-critiquée, je n'y ai pourtant trouvé rien de choquant; au contraire, elle m'a paru exciter une

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