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il l'écarte avec mépris. Ce qui lui reste de vie est pour ce pauvre page, seul être qui l'ait aimé, qui l'a suivi jusqu'au bout, qui maintenant essaye d'étancher le sang de sa blessure. « Lara peut à peine «< parler, mais fait signe que que c'est en vain; » — il prend sa main, le remercie d'un sourire, et, lui parlant sa langue, une langue inconnue, lui montre du doigt le côté du ciel où en ce moment le soleil se lève, et la patrie perdue où il veut le renvoyer. Des assistants nul souci; sur lui-même aucun retour; son visage reste « immobile et sombre, sans re« pentir, » comme dans sa vie. « Cependant son << souffle haletant soulève péniblement sa poitrine, <«<- et le nuage s'épaissit sur ses yeux troubles,— « ses membres s'étendent en tremblotant, et sa tête << retombe 1. >> Tout est fini, et de ce hautain esprit il ne reste plus qu'une pauvre argile. Après tout, pour

1.

He scarce can speak, but motions him 't is vain,
He claps the hand that pang which would assuage.
And sadly smiles his thanks to that dark page.
....His dying tones are in that other tongue,
To which some strange remembrance wildly clung...
....And once, as Kaled's answering accents ceased,
Rose Lara's hand, and pointed to the East:
Whether (as then the breaking sun from high
Roll'd back the clouds), the morrow caught his eye,
Or that it was chance, or some remember'd scene,
That raised his arm to point where such had been,
Scarce Kaled seem'd to know, but turn'd away,
As if his heart abhorr'd that coming day,
And shrunk his glance before that morning light,
To look on Lara 's brow, where all grew night.
....But from his visage little could we guess,

So unrepentant, dark, and passionless....

....But gasping heaved the breath that Lara drew,
And dull the fiim along his dim eye grew;

His limbs stretch'd fluttering, and his head droop'd o'er.

de tels cœurs c'est là le sort désirable; ils ont mal pris la vie, et ne reposent bien que dans le tombeau.

Étrange poésie toute septentrionale, qui a sa racine dans l'Edda et sa fleur dans Shakspeare, née jadis d'un ciel inclément, au bord d'une mer tempêtueuse, œuvre d'une race trop volontaire, trop forte et trop sombre, et qui, après avoir prodigué les images de la désolation et de l'héroïsme, finit par étendre comme un voile noir sur toute la nature vivante le rêve de l'universelle destruction. Ce rêve est ici comme dans l'Edda, presque aussi grandiose. « J'eus un songe qui n'était pas tout entier <«< un songe. Le clair soleil était éteint, et les << étoiles erraient dans les ténèbres de l'éternel

<< espace,

...

sans rayons, ne voyant plus leur route, << et la terre froide se balançait aveugle et noir<«< cissante dans l'air sans lune. Le matin venait, « s'en allait et venait encore, mais n'apportait «< point de jour... Les hommes mirent le feu aux « forêts pour s'éclairer; mais heure par heure«elles tombaient et se consumaient; les troncs pe<< tillants s'éteignaient avec un craquement, (( puis tout était noir. - Ils vivaient près de ces « feux nocturnes, et les trônes, - les palais des << rois couronnés, les cabanes, - les habitations de « tous les êtres qui vivent sous un toit flambè<< rent en guise de torches. Les cités furent incendiées, et les hommes se tenaient assemblés

« autour de leurs maisons brûlantes

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pour se re

garder encore une fois la face les uns les autres.

«< Leurs fronts sous cette lumière désespérée avaient <«< un aspect infernal, lorsque par saccades-les <«< éclairs arrivaient sur eux. Quelques-uns gisaient «< à terre, et cachaient leurs yeux et pleuraient. - appuyaient leur menton

D'autres, souriant,

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<«< sur leurs mains crispées. - D'autres couraient çà et là et nourrissae nt avec du bois leurs bû

«< chers funéraires, et levaient les
« anxiété folle vers le ciel morne,
<< monde mort; puis de nouveau,

yeux avec une

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lédictions, ils se jetaient sur la poussière,grin

<< çaient des dents et hurlaient. Les oiseaux sauvages

<< criaient,

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et dans leur épouvante venaient

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« tomber à terre et battaient l'air de leurs ailes <«< inutiles. Les brutes les plus farouches arri« vaient apprivoisées et craintives, et les vipères rampaient et s'entrelaçaient parmi la multi«tude. avec des sifflements, mais sans morsure. <«< On les tua pour s'en nourrir. -— La Guerre, qui « pour un moment s'était apaisée, s'assouvit de «< de nouveau : ils achetèrent un repas «< sang, et chacun, morne, s'assit à part, «geant dans l'ombre. Plus d'amour;

avec du

se gorla terre

<< n'avait plus qu'une pensée, celle de la mort, « de la mort présente et sans gloire, et la dent« de la famine mordait toutes les entrailles. Les « hommes mouraient, et leurs os étaient sans <<< tombe comme leur chair. Les maigres étaient Même les chiens as

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«saillirent leurs maîtres, tous sauf un; - et celui-ci

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« fut fidèle au cadavre, écartant les oiseaux, et << les bêtes, et les hommes affamés, par ses hurle<< ments, jusqu'à ce que la faim leur eût serré la « gorge, ou que les morts qui tombaient eussent alléché leurs mâchoires maigres. Lui-même n'alla point chercher de nourriture, - mais d'un piteux «< et perpétuel gémissement, - avec des cris pressés « et désolés, léchant la main- qui ne lui répondait point par une caresse, il mourut. La foule périt de faim par degrés; mais deux hommes <«< dans une énorme cité survécurent, << étaient ennemis. Ils se rencontrèrent << des brandons mourants d'un autel où un amas << de choses saintes avaient été empilées pour un usage profane. Il les ramassèrent, -et, grelottant, de leurs froides mains de squelettes — ils grattèrent les faibles cendres, et leur faible << souffle tâcha d'y souffler une petite vie, et fit << une flamme

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et ils

auprès

qui était une dérision. Puis, comme << elle devenait plus claire, ils levèrent leurs yeux " et regardèrent - chacun la face de l'autre ; ils se

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Virent, crièrent et moururent. Ils moururent d'épouvante par l'horreur de leur propre as

« pect1.

1.

I had a dream, which was not all a dream.

The bright sun was extinguish'd, and the stars
Did wander darkling in the eternal space,

Rayless, and pathless, and the icy earth

Swung blind and blackening in the moonless air;
Morn come and went and come, and brought no day.

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IV

Entre ces poëmes effrénés et funéraires, qui tous incessamment reviennent et s'obstinent sur le même sujet, il y en a un plus imposant et plus haut, Manfred, frère jumeau du plus grand poëme du siècle, le Faust de Goethe. « Lord Byron m'a pris mon Faust, « disait Goethe, et l'a fait sien. Il en a employé les « ressorts moteurs à sa façon, pour son but propre, « de sorte qu'aucun d'eux ne reste le même, et c'est

They fell and faded and the crackling trunks
Extinguish'd with a crash- and all was black.

And they did live by watchfires

and the thrones,

The palaces of crowned kings the huts,

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The habitations of all things which dwell,

Were burnt for beacons; cities were consumed,

And men were gathered round their blazing homes

To look once more into each other's face;

....The brows of men by the despairing light

Wore an unearthly aspect, as by fits

The flashes fell upon them; some lay down

And hid their eyes and wept; and some did rest

Their chins upon their clenched hands, and smiled;

And others hurried to and fro, and fed

Their funeral piles with fuel, and look'd up

With mad disquietude on the dull sky,

The pall of a past world; and thence again

With curses cast them down upon the dust,

And gnash'd their teeth and howl'd the wild birds shriek'd,
And, terrified, did flutter on the ground,

And flap their useless wings; the wildest brutes
Came tame and tremulous; and vipers crawl'd
And twined themselves among the multitude,
Hissing, but stingless they were slain for food:
And War, which for a moment was no more,
Did glut himself again; a meal was bought
With blood, and each sate sullenly apart,

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