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<< le reste 1. » Bonne comparaison! Voilà une révérence bien faite : j'espère que Sacharissa répond par une révérence aussi correcte. Ses désespoirs sont du même goût; il perce de ses cris les allées de Penshurst, « raconte sa flamme aux hêtres, » et les hêtres bien appris inclinent leurs têtes par compassion. Il est probable que dans ces promenades douloureuses son plus grand soin était de ne pas mouiller ses souliers à talons. Ces transports d'amour amènent les machines classiques, Apollon, les Muses; Apollon est fâché qu'on maltraite un de ses serviteurs, lui dit de s'en aller, et il s'en va en effet, disant à Sacharissa qu'elle est plus dure qu'un chêne, et que certainement elle est née d'un rocher 2.

Ce qu'il y a de bien réel en tout cela, c'est la sensualité, non pas ardente, mais leste et gaie; il y a telle pièce sur une chute qu'un abbé de cour sous

1.

2.

So in those nations which the Sun adore
Some modest Persian or weak-eyed Moor
No higher dares advance his dazzled sight
Than to some gilded cloud, which near the light
Of their ascending God adorns the East,
And graced with his beam, outshines the rest.

While in this park I sing, the list'ning deer
Attend my passion and forget to fear;
When to the beeches I report my flame,
They bow their heads, as if they felt the same.
To Gods appealing when I reach their bow'rs
With loud complaint, they answer me in show'rs.
To thee a wild and cruel soul is giv'n,

More deaf than trees and prouder than the heav'n.
The rock

That cloven rock produc'd thee.

This last complaint th'indulgent ears did pierce
Of just Apollo, president of verse,

Highly concerned that the Muse should bring

Damage to one whom he had taught to sing, etc.

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«

Louis XV eût pu écrire: « Ne rougissez pas, belle, ne << prenez pas l'air sévère; que pouvait faire l'amant, « hélas! sinon fléchir quand tout son ciel sur lui s'appuyait? Son tort unique, s'il en eut un, fut de « vous laisser vous relever trop tôt1. » D'autres mots se sentent de l'entourage et ne sont point assez polis. Amoret, s'écrie-t-il, vous aussi douce, aussi bonne « que le mets le plus délicieux, qui, à peine goûté, << verse dans le cœur la vie et la joie2. » Je ne serais pas satisfait, si j'étais femme, d'être comparée à un beefsteak, même appétissant; je n'aimerais pas davantage à me voir, comme Sacharissa, mise au niveau du bon vin qui porte à la tête3: c'est trop d'honneur pour le porto et pour la viande. Le fond anglais perçait ici et ailleurs; par exemple, la belle Sacharissa, qui n'était plus belle, ayant demandé à Waller s'il ferait encore des vers pour elle : « Oui, madame, répondit-il, quand vous serez aussi jeune et aussi belle qu'autrefois.» Voilà de quoi scandaliser un Français. Néanmoins Waller est d'ordinaire aimable; une sorte

1.

2.

3.

Then blush not, Fair! or on him frown :'
How could the youth, alas! but bend

When his whole Heav'n upon him lean'd;
If ought by him amiss was done,

"T was to let you rise so soon.

Amoret! as sweet and good
As the most delicious food,
Which but tasted does impart
Life and gladness to the heart.

Sacharissa's beauty's wine,
Which to madness doth incline;
Such a liquor as no brain
That is mortal can sustain.

de lumière brillante flotte comme une gaze autour de ses vers; il est toujours élégant, souvent gracieux. Cette grâce est comme le parfum qui s'exhale du monde; les fraîches toilettes, les salons parés, l'abondance et la recherche de toutes les commodités délicates mettent dans l'âme une sorte de douceur qui se répand au dehors en complaisances et en sourires; Waller en a, et des plus caressants, à propos d'un bouton, d'une ceinture, d'une rose. Ces sortes de bouquets conviennent à sa main et à son art. Il y a une galanterie exquise dans ses stances à la petite lady Lucy Sidney sur son âge. Et quoi de plus attrayant pour un homme de salon, que ce frais bouton de jeunesse encore fermé, mais qui déjà rougit et va s'ouvrir? « Pourtant, charmante fleur, ne dédaignez pas << cet âge que vous allez connaître si tôt; le matin << rose laisse sa lumière se perdre dans l'éclat plus « riche du midi1. » Tous ses vers coulent avec une harmonie, une limpidité, une aisance continues, sans que jamais sa voix s'élève, ou détonne, ou éclate, ou manque au juste accent, sinon par l'affectation mondaine qui altère uniformément tous les tons pour les assouplir. Sa poésie ressemble à une de ces jolies femmes maniérées, attifées, occupées à pencher la tête, à murmurer d'une voix flûtée des choses communes qu'elles ne pensent guère, agréables pourtant

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dans leur parure trop enrubannée, et qui plairaient tout à fait si elles ne songeaient pas à plaire toujours.

Ce n'est pas qu'ils ne puissent toucher les sujets graves; mais ils les touchent à leur façon, sans sérieux ni profondeur. Ce qui manque le plus à l'homme de cour, c'est l'émotion vraie de l'idée inventée et personnelle. Ce qui intéresse le plus l'homme de cour, c'est la justesse de la décoration et la perfection de l'apparence extérieure. Ils s'attachent médiocrement au fond, et beaucoup à la forme. En effet, c'est la forme qu'ils prennent pour sujet dans presque toutes leurs poésies sérieuses; ils sont critiques, ils posent des préceptes, ils font des arts poétiques. Denham, puis Roscommon, dans un poëme complet, enseignent l'art de bien traduire les vers. Le duc de Buckingham versifie un Essai sur la poésie et un Essai sur la satire. Dryden est au premier rang parmi ces pédagogues. Comme Dryden encore, ils se font traducteurs, amplificateurs. Roscommon traduit l'Art poétique d'Horace, Waller le premier acte de Pompée, Denham des fragments d'Homère, de Virgile, un poëme italien sur la justice et la tempérance. Rochester compose un poëme sur l'homme dans le goût de Boileau, une épître sur le rien; Waller, l'amoureux, fabrique un poëme didactique sur la crainte de Dieu, un autre en six chants sur l'amour divin. Ce sont des exercices de style. Ces gens prennent une thèse de théologie, un lieu commun de philosophie, un précepte de poésie, et le développent en prose mesurée, munie de rimes;

ils n'inventent rien, ne sentent pas grand'chose, et ne s'occupent qu'à faire de bons raisonnements avec des métaphores classiques, en termes nobles, sur un patron convenu..La plupart des vers consistent en deux substantifs munis de leurs épithètes et liés par un verbe, à la façon des vers latins de collége. L'épithète est bonne : il a fallu feuilleter le Gradus pour la trouver, ou, comme le veut Boileau, emporter le vers inachevé dans sa tête, et rêver une heure en plein champ, jusqu'à ce que, au coin d'un bois, on ait trouvé le mot qui avait fui. — Je bâille, mais j'applaudis. C'est à ce prix qu'une génération finit par former le style soutenu qui est nécessaire pour porter, publier et prouver les grandes choses. En attendant, avec leur diction ornée, officielle, et leur pensées d'emprunt, ils sont comme des chambellans brodés, compassés, qui assistent à un mariage royal ou à un baptême auguste, l'esprit vide, l'air grave', admirables de dignité et de manières, ayant la correction et les idées d'un mannequin.

V

Un d'eux (Dryden toujours à part) s'est élevé jusqu'au talent, sir John Denham, secrétaire de Charles Ier, employé aux affaires publiques, qui, après une jeunesse dissolue, revint aux habitudes graves et, laissant derrière lui des chansons satiriques et des polissonneries de parti, atteignit dans un âge plur mûr le haut

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