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seigné aux princes à le détruire! n'est-il pas vrai? je vous étonne!

VETTORI.

Oui, vous m'étonnez! à soixante ans on ne vit jamais un homme de cœur et de génie avilir tant de gloire et d'honneur! non seulement défendre, mais prêcher, mais commander l'esclavage! Vous vous renfermez dans cette solitude qui ressemble à une tanière, uniquement pour apprendre à vos semblables que la vertu est chimère, l'honnêteté niaiserie, le parjure permis, la tyrannie un bien, et la cruauté nécessaire!

MACHIAVEL.

Et ne me l'ont-ils pas appris eux-mêmes? n'est-ce pas dans les choses de la vie que j'ai puisé les leçons que j'ai données? et si j'ai peint les hommes tels qu'ils sont, sans donner ce portrait pour l'image idéale, pour le type de ce qu'ils devraient être, quel crime ai-je commis? Borgia empoisonne, Castruccio étouffe ses ennemis, et tous deux règnent heureux! Le secret de leur bonheur, c'est l'audace de leurs crimes. J'explique l'un par l'autre et voilà tout.

:

VETTORI.

Quelle misantropie, et quelle amertume !

MACHIAVEL.

Non. Voici le cours de mes opinions sur le genre humain : Jeune, je l'ai hai; homme, je l'ai méprisé; vieillard, je l'oublie. Il m'a semblé d'abord odieux, puis vil, enfin indigne de mes regards: dans cette dernière situation d'esprit, je me suis moqué des hommes, en leur prêchant la scélératesse, qu'ils se contentent de pratiquer.

VETTORI.

La Morale ne vous pardonnera pas.

MACHIAVEL.

Que voulez-vous dire? Les hommes se disputeront sur ma tombe, et si mon âme conserve quelque sentiment, je rirai encore de leurs disputes. Quant à mon cœur, il m'absout. Je n'ai rien dit contre ma conscience. Oui, je pense qu'un tyran est nécessaire à ces hommes lâches, qui ne peuvent soutenir la liberté. Je pense qu'il est à désirer que ce tyran soit cruel, odieux, atroce, et qu'à coups de poignard il réveille dans leur sein flétri un sentiment de douleur et d'irritation, dont leur apathie est incapable. Je pense que l'Italie, si divisée, malheureuse, faible, dégradée, une oppression violente et terrible, qui la réu

nisse dans une commune souffrance, qui l'abîme et la ramène a force de tortures au sentiment d'elle-même. Tel est le degré de bassesse et de malheur où je vois ma patrie ensevelie, que je vous invoque, monstres qu'elle a produits, Castruccio, Ezzelin, Borgia, et que je vous supplie de vous reproduire vous-mêmes, de vous multiplier s'il est possible, dans une existence nouvelle, et de frapper ce pays de tant de plaies, de tant de maux, de tant de crimes, que lui-même se révolte, se retrouve, et relève enfin la tête toute sanglante de l'ancienne Italie, mère des héros et souveraine du monde.

Voilà mes pensées; si elles avortent, permis aux hommes de calomnier à la fois mes paroles et mon silence. La première nécessité de toute hypocrisie sera de se révolter contre l'audace avec laquelle j'ai révélé leurs crimes. »

Vettori, presque épouvanté, revint à Florence, et confia au papier cette conversation singulière, qui expliquait naturellement un caractère, d'ailleurs inexplicable.

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SCÈNES DU PARTERRE ET DES LOGES, A LONDRES, 1613.

All is true. Tout ceci est vrai. SHAKSPEARE.

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Henri VIII, tragédie de Shakspeare. - Le Globe, vu du dehors.

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Le drapeau rouge. - Affiches du théâtre.

porte. pamphlets.

Les femmes.

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Les apprentis. Les crieurs de

Cette résurrection des temps passés, à laquelle

Walter-Scott a donné tant de vogue, n'acquiert de prix que par sa réalité. Découvrez-y une seule erreur, le prestige tombe, le peintre qui donne son tableau pour une ressemblance exacte n'est plus qu'un coloriste menteur. Il avait voulu s'élever jusqu'à l'histoire; il retombe au-dessous du

roman.

Quelle chose curieuse, pour les esprits rares et bénévoles qui s'intéressent encore aux œuvres et à l'histoire de l'art, retrouvai dans un manuscrit perdu, dans un récit fidèle, le tableau complet de la représentation d'une pièce de Shakspeare, vers la fin du xvre ou le commencement du xvire siècles! Les mœurs, les habitudes de l'auditoire, son extérieur, ses émotions jetteraient un grand jour sur le fond et la pensée intime de ces drames admirés, blâmés et peu compris. La narration que j'indique ne se trouve nulle part; mais en réunissant mille fragmens épars et oubliés, on peut la reconstruire.

Malone, Chalmers, Douce, Hazlitt, Lamb, Payne Collier, Gifford, ont préparé, pour ce travail d'artiste et d'antiquaire, de curieux matériaux. Des manuscrits anciens (Burghley papers), incon

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