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pas comme vous: des Vépres Siciliennes! des assassinats prémédités ! mais sachez que vous êtes encore bien loin de compte: il ne vous sera pas aussi facile que vous l'espérez de vous défaire de nos braves guerriers; les dieux, qui les protégèrent toujours, sauront les garantir contre les assassinats; j'en atteste le génie vainqueur de la liberté, ils échapperont à la trahison; quant au sort des armes, certes je ne craindrai jamais pour eux celles de vos pareils.

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» Autant mon esprit et mon âme ont pris » part autrefois à notre régénération sociale; » autant aujourd'hui j'attends en silence que » le chaos soit débrouillé. »

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ROUCHER. Lettres posthumes.
pag. 146.

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PLUSIEURS mois se sont écoulés, depuis que je n'ai mêlé ma voix ni ma plume aux discussions législatives; je disais à la fin de mon opinion (1) sur les qualifications verbales; c'est peut-être la dernière fois. que je m'efforce de proclamer à cette tribune les accens impérissables de la vérité. L'état où était la chose publique me

(1) Voyez n.o 64.

faisait prévoir dès-lors le silence qu'il me faudrait garder; comme les choses sont toujours à-peu-près sur le même pied, je vais entrer à cet égard dans quelques détails. A dater du 18 fructidor, le Directoire s'est successivement emparé d'un pouvoir dominateur et excessif qui a duré sans opposition jusqu'au mois de prairial dernier : j'osai quelquefois, dans le temps de sa toute-puissance, dans le temps où on était familiarisé encore avec les habitudes de la dépor tation; j'osai, avec plus de zèle peut-être que de prudence, attaquer par fois ses projets et lui dire de fortes vérités ( 1 ); aussi fus-je regardé comme un factieux, et accablé des injures de ses valets.

Au reste, on ne vit jamais une adminis tration plus calamiteuse; on parlait beaucoup de la liberté et du peuple, et jamais on ne travailla aussi peu pour le peuple et pour la liberté ; tout était partial et`mesquin; vues étroites, odieuses persécutions, pitoyables intrigues, rien de beau, rien de grand, rien de généreux, rien de vraiment national.

L'admission du dernier tiers n'a rien changé dans le déplorable gouvernement du Directoire; mais elle l'a placé dans une autre position.

Les fiers Montagnards, dont les forces ont doublé, malgré l'épuration de floréal, commencent enfin à sentir qu'ils ne sont

(1) Voyez les numéros 38, 54 et 57.

aussi que des esclaves, et tendent sourde ment à se débarrasser d'un joug qu'euxmêmes ont contribué à appesantir.

Dans cet état de choses, où nous sommes comme entraînés par un torrent qui menace tout le doit se tenir à l'écart et ne sage 9 pas risquer des efforts qui, en l'exposant en pure perte, ne serviraient pas la chose publique; c'est le parti que j'ai pris, heureux encore de m'être éclairé à temps, et de n'avoir pas été victime du zèle dangereux qui m'a porté souvent à me lancer en tête des avant-postes.

Je compare ceux des députés probes, qui voudraient parler aujourd'hui avec la franchise entière qui convient à leur caractère, à des guerriers désespérés qui se feraient tuer sans nécessité pour ne pas survivre à une défaite ; je crois qu'il vaut mieux se réserver pour des occasions, où les risques qu'on peut courir soient du moins profitables à la chose publique.

Le silence est donc une sagesse; aussi un devoir. Je m'explique.

il est

Je me serais décidé volontiers à continuer de monter habituellement sur la brèche pour attaquer les fréquentes usurpations du Directoire, pour aider même à le renverser tout-à-fait, si j'eusse pu m'attendre à être appuyé par des hommes probes et amis sincères de la chose publique; mais j'ai frémi d'horreur en envisageant ceux à qui il aurait fallu m'associer ; j'ai vu que la victoire tournerait entièrement au profit des Monta

gnards, dont certains me semblent toujours teints du sang de l'innocence qu'ils verseraient encore, s'ils redevenaient puissans, et qui d'ailleurs n'accepteraient mes services que pour m'écraser, dès qu'ils seraient les plus forts.

Ainsi, dans le cas où j'échapperais à la déportation d'un côté, je trouverais les échafauds de l'autre, et j'attirerais de nouveaux désastres sur ma patrie; j'ai donc eu raison de dire que le silence m'est commandé à la fois par la sagesse et par le

devoir.

?

A cetégard, j'observerai que c'est une peste bien dangereuse dans l'Etat que cette secte impie d'hommes entièrement livrés à l'habitude et au désir du crime, qui regrettent toujours le temps si commode où le crime les enrichissait, et qui, machinateurs assidus de trames horribles, inquiètent sans cesse ceux qui ont détruit où ébranlé tous les trônes de l'Europe; ils ne sont qu'une poignée dans l'empire; mais ils sont unis audacieux et capables de tout. Tyrans atroces en l'an 2 attérés au 9 thermidor, relevés par le 13 vendémiaire, comprimés encore après la découverte de la conspiration Babœuf, ils reprirent un nouvel ascendant au 18 fructidor par l'influence même du Directoire qui les fortifia de son appui; ce sont des serpens qu'il a réchauffés dans son sein; il voudrait bien les étouffer aujourd'hui; mais il est douteux qu'il puisse y parvenir.

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Il n'y a point de milieu pour cette classe d'hommes; ils furent maîtres à force de sang; ils veulent à tout prix le devenir encore, et jamais ils ne reconnaîtront d'autre domination que la leur.

Ainsi les forces de la Montagne ont été grossies par le Directoire qui d'abord avait aussi grossi les siennes à l'aide de la Montagne; aujourd'hui chacun des deux partis voudrait bien détruire ce qu'il a fait, et le Directoire serait déjà attaqué, si les meneurs actuels, mieuxavisés que ceux qui dirigeaient l'attaque en l'an 5, ne voulaient attendre les prochaines élections dont ils espèrent de nombreux auxiliaires.

Dans un pareil état de choses, quoique l'administration directoriale ne me convienne aucunement, j'aime encore mieux une autorité, reconnue par les lois de mon pays et qu'il serait possible d'améliorer en déplaçant quelques hommes, qu'une puissance qui ne connaît que le brigandage et la destruction.

Ici j'entendrais les brillans habitués des cercles s'écrier: Commencez par aider la Montagne à renverser le Directoire, nous vous aiderons ensuite à culbuter le parti montagnard.

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Qui, vous! disai-je naguères à l'un de ces ardens provocateurs; quoi! vous pourriez vous exposer à quelques risques pour faire triompher le parti de la justice et de la raison! non jamais; je ne serai plus votre dupe; j'ai trop bien appris à vous connaître je

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