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ment que celle de votre Génevois! au reste, que s'ensuit-il de cette citation?

F. F. Que, si je suis éloigné d'applaudir aux formes persécutrices du gouvernement actuel, je ne le suis pas moins de faire des vœux, pour que les puissances étrangères viennent nous subjuguer et nous dicter des lois.

Le royaliste.-Pouvez-vous donc penser que, sans leur salutaire influence, il nous soit possible de sortir du chaos d'horreurs et de brigandages qui, de votre propre aveu, nous environne de toutes parts?

F. F.-Et vous, imaginez-vous de bonne foi que les Coalisés ne deviendraient maîtres des belles provinces de la France que pour y rétablir l'ordre, la tranquillité et l'abondance? ne voyez-vous donc pas la nouvelle suite de proscriptions qui marcherait à leur suite, les potences substituées par-tout aux guillotines, et nos villes asservies, devenues la proie d'un vainqueur licencieux ?

Pour moi, en mettant même à l'écart toutes les sortes de systèmes politiques dont les leçons coûteuses de l'expérience m'ont trop bien appris à connaître la futilité, je n'aperçois, dans les succès présumés des armées étrangères, rien que d'absolument funeste à nos contrées déjà couvertes de tant de ruines.

Le royaliste.

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A la preuve !

F. F. — Ilest indubitable, que ces succès amèneraient le rétablissement du régime sanglant de la terreur, et que tous les jaco

bins, épars en France, ressaisiraient leur épouvantable domination.

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Le royaliste. Elle serait courte.

F. F.-Eile serait toujours trop longue; car vous n'avez pas oublié sans doute avec quelle rapidité ils savent faire tomber les

têtes.

Le royaliste.

Cette fois, du moins, la

vengeance serait prompte et terrible.

F. F. Beile consolation vraiment pour ceux qui n'existeraient plus ! Mais, en admettant la promptitude et la facilité de cette vengeance supposée, qu'en résulterait-il ? Encore de nouvelles proscriptions, et d'autant plus affreuses, qu'elles auraient été provoquées par de longues infortunes et d'implacables animosités.

Le royaliste. -Point du tout, le premier soin des vainqueurs sera de promulguer une amnistie générale, à laquelle on ne fera que quelques exceptions.

F. F.-Sans doute; on paraîtrait d'abord n'en vouloir qu'aux véritables jacobins, et bientôt on en viendrait à rechercher et à proscrire tous ceux des Français qui servirent la liberté avec des intentions loyales et pures; d'ailleurs, abstraction faite de ces sortes de considérations, qui pourtant ne laissent pas d'être de quelque poids, êtesvous donc insensible à cette idée, qu'après tant de souffrances et de fatigues, endurées pour conquérir des droits si chèrement achetés, ce seraient d'orgueilleux despotes qui viendraient insolemment nous dicter des lois dans nos propres foyers?

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Le royaliste. Je vous assure que, loin de redouter ceux qu'il vous plaît de nommer des despotes, je les appelle sans cesse de

tous mes vœux.

F. F. — O fatal aveuglement de l'esprit de parti! Le royaliste.

Bah! bah! mais vousmême, ami connu de l'humanité et de l'ordre, n'aimeriez-vous pas mieux être administré encore par l'ancien régime, tel qu'il existait avant 1789, que d'avoir été témoin de cette carrière sanglante de persécutions et de crimes dont vous avez failli devenir victime, et que votre plume a signalée tant de fois à la juste exécration des siècles? F. F.- Je vous répondrai à cela, que n'étant plus le maître du passé, je ne m'occupe aujourd'hui que du présent, et sur-tout de l'avenir; or, dans l'une comme dans l'autre de ces deux perspectives, cette guerre, qui paraît tant vous réjouir, n'offre à un observateur attentif qu'une longue suite de calamités dont il est impossible de prévoir le terme.

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Le royaliste. pas longue cette fois.

Oh! la guerre ne sera

F. F. Vous croyez ?

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Le royaliste. Sans doute; avant six

mois, les Rois Coalisés seront maîtres de la France.

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F. F. Il paraît que vous avez une grande foi dans les coalitions; néanmoins, si vous avez lu l'histoire, elle a dû vous apprendre, sans remonter même aux fastes

de l'antiquité, que, dans le 16.. siècle, la petite république de Venise résista aux premières puissances de l'Europe, coalisées contre elle; que, dans le 17.e, les Hollandais repoussèrent les efforts réunis des rois d'Angleterre et de France; que, dans le 18.o, et de nos jours, un simple électeur de Brandebourg a combattu avec succès contre les triples forces de la France, de l'Autriche et de la Russie: il faut aussi que vous ayez bien peu de mémoire; car elle vous eût rappelé les nombreuses défaites de la dernière coalition, qui pourtant était alors et beaucoup plus nombreuse et beaucoup plus formidable que celle qui semble se préparer

maintenant.

Le royaliste. -Les puissances ont été instruites par leurs défaites mêmes, et, je le répète, avant six mois, elles auront fait justice des soldats républicains.

F. F. Ces soldats, que vous semblez mépriser, ont pourtant, à diverses reprises, donné de vigoureuses leçons à vos amis; quant à moi, telle est l'opinion que j'ai de leur bravoure éprouvée par tant de hauts faits, que je ne craindrais pas encore que la république succombât par la force des armes, quand bien même l'Europe entière serait coalisée contre nous.

Le royaliste. Allez ! il ne sera plus question de votre République, avant l'expiration de la présente année, dite Républicaine, et qui surement sera la dernière qu'on aura nommée ainsi.

F. F.-Que de rêves semblables et toujours vains ont déjà passé par la tête de ceux qui pensent comme vous! que de fois je leur ai entendu dire, en 1792 et 93; dans un mois nous serons à Paris! Vous voyez ce qui est résulté de ces jactances.

Le royaliste. - Nous étions trop dupes alors; nous nous sommes laissé égorger;

nous aurons notre tour.

F. F.-De quelle horrible matière venezVous m'entretenir !

Le royaliste. - Incrédule que vous êtes! apprenez-donc qu'au moment où je vous parle, il se prépare une formidable vengeance.

F. F. Diable ! comme vous paraissez instruit!

Le royaliste. — Plus que vous ne pensez; je le suis assez pour vous prédire que de nouvelles Vépres Siciliennes, qui peut-être sont déjà commencées, ne tarderont pas à venger l'Italie entière de l'invasion des soldats français; des mains sûres sont armées de poignards, etc......

F. F. Barbare! quel horrible sourire j'aperçois dans vos regards! quoi ! à l'idée du massacre possible de cent mille de nos compatriotes!..... Vous êtes bien heureux que le rôle de dénonciateur me répugne; ah! vous me faites horreur : j'ai détesté les hommes de sang qui dominaient en l'an deux; vous l'aimez plus qu'eux encore.

Je ne vois que trop quel est le sort que vous réservez à tous ceux qui ne pensent

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