venus puissans, veulent encore tout ena vahir pour tout ensanglanter; lorsqu'ils ne « se donnent même pas la peine de déguiser

leurs affreux projets, je vois dans la Haute« Cour un noyau effrayant de Tribunal Ré«volutionnaire, dont le crime peut-être << s'emparerait bientôt, pour y trainer de <<<nouvelles victimes et faire tomber les têtes « qui lui déplairaient le plus dans la repré<< sentation nationale, et par suíte dans la « société entière. »

C'est cette dernière idée que je m'attacherais sur tout à développer, s'il pouvait être possible que je fusse appelé à porter la parole devant le peuple français : je tâcherais de revêtir mes expressions d'une énergie entraînante ; je retracerais l'horrible tableau de la nouvelle époque de proscription qui se prépare contre tout ce qui reste en France d'hommes distingués par les talens, la vertu et la fortune; je démontrerais que la mise en jugement qu'on demande est destinée à seconder les vues funestes de quelques agitateurs bien connus ; j'imagine enfin que je parviendrais à ramener tous les esprits raisonnables à des sentimens de clémence envers les ex-Directeurs, sinon par intérêt pour eux, pour eux, du moins par égard pour l'intérêt général.

Il est encore d'autres moyens de défense que je pourrais employer vis-à-vis toi, ainsi que vis-à-vis tous ceux des patriotes effervescens, mais de bonne foi, avec qui tu fais cause commune.

*** Je suis curieux d'entendre ce que

tu peux dire de particulier pour nous convaincre ; car, à parler avec franchise, je me trouve fort peu touché des derniers raisonnemens que tu viens de faire : tu t'es battu les flancs en pure perte, dans la crainte d'un nouveau Tribunal Révolutionnaire; sois donc persuadé que, tout exagérés que tu nous supposes, nous n'en voulons pas plus que toi, et que nous saurions bien en empêcher le rétablissement.

F. F. Oui, comme vous l'empêchâtes en l'an deux; mais laissant une matière qui rappelle de si tristes souvenirs, je finirai notre entretien par une réflexion que je t'engage à méditer.

Vous parlez sans cesse contre les Royalistes; mais, si réellement vous leur êtes autant opposés que vos discours l'annoncent, expliquez-moi donc comment vous pouvez consentir à les gratifier du plus doux présent qu'il soit possible de leur faire, en leur offrant l'agréable spectacle du supplice des quatre ex-Directeurs que vous voulez proscrire!

Pour en juger, rétrogradons un peu vers le temps qui n'est plus.

Les ex Directeurs furent membres de l'Assemblée Constituante, où ils se distinguèrent parmi les fondateurs de la liberté; tous quatre, ils ont été membres de la Convention; deux l'ont été de ce premier Directoire qui, dirigé alors par un homme de génie, fit trembler sur leur trône tous les potentats

de l'Europe que de titres ils ont à la haine des ennemis de la révolution !

Tous quatre enfin, ils furent couverts du sang d'un roi, et certes ce n'est pas ce qu'ils ont fait de mieux; mais ce n'est pas toi qui blâmeras cet acte de cruauté inutile

Quel que soit au reste le jugement qu'il faille porter à cet égard, tu dois sentir mieux que personne, qu'il n'est aucune victime d'expiation qui puisse autant convenir aux vengeances implacables des amis des rois, que ceux dont tu veux faire tomber les têtes.

Suite. 3 fructidor.

Il est enfin décidé que les ex-Directeurs ne seront pas mis en jugement, après quinze jours d'une petite guerre d'astuces de piéges et de calomnies, dont les détails répandus dans les divers journaux, ne serviront qu'imparfaitement à peindre les fré quentes amertumes.

?

>> Si Romanos nos esse meminissemus, » non audaciùs dominari cuperent postremi >> homines, quam id nos prohiberemus. «<

BRUTUS.

Epistolæ.

Nous avons vu, à la fin de l'avant-dernier numéro, comment les Jacobins, logés au manége, tinrent tête au Conseil des Anciens,

A

et furent enfin chassés dans les journées des thermidor.

8 et 9

Il était temps de les expulser, ainsi que l'ont découvert les inspecteurs des Anciens, qui furent chargés de recevoir les renseignemens relatifs à cette conspiration nouvelle, et qui ne pourront pas les mettre au jour, attendu le nombre et le crédit des complices.

Il paraît certain que, le matin même du 10 thermidor ou du 11 au plus tard, les Jacobins devaient se réunir au lieu accoutumé de leurs séances; aller en foule au Conseil des Anciens; le transporter mi-gré miforce aux Cinq-cents; faire déclarer de suite le Corps législatif Convention; casser le Directoire et les ministres; créer un comité de salut public; envoyer en mission, comme en l'an 2, des députés fidèles; régénérer ainsi les départemens et les armées; chasser les Clichiens ou prétendus tels, ainsi que les partisans de l'ancien Directoire, et les remplacer par les exclus du 22 floréal.

Tout cela paraît un rêve au premier coupd'œil; mais les hommes que la révolution a instruïts savent fort bien, qu'il pouvait être extrêmement possible que ces divers changemens fussent opérés en moins de deux heures.

Remercions la Providence de ce qu'elle a déjoué ces funestes complots; mais qu'on n'aille pas croire que les Montagnards se soient tenus pour battus par le premier échec !

A

A peine chassés du manége, ils étaient en séance dans l'ex-église des Jacobins de la rue du Bacq: quelle jouissance pour eux d'habiter un lieu dont l'ancienne dénomination leur rappelle de si chers souvenirs!

Là, ils ont changé de batterie : voyant que leurs premiers projets étaient éventés, et n'ayant plus d'ailleurs les mêmes facilités pour les mettre à exécution, ils ont songé à déposséder de vive force, le Directeur Sieyes, ainsi que plusieurs députés dont les uns ne sont plus de leur bord et dont les autres n'en furent jamais : un de leurs orateurs alla jusqu'à dire ; le 30 prairial fut un 10 août, il ne nous reste plus qu'à faire un 21 janvier.

L'attaque aurait eu lieu dans la nuit, au moyen d'une foule de frères et amis, rassemblés ici des divers départemens, et la tentative devait en être très-prochaine, lorsque tout-à-coup, dans la journée du 26, le Directoire, qui cette fois fut heureusement influencé par la prévoyance de Sieyes, ordonna que le club serait fermé.

Grande colère de la part du parti, qui voulait absolument que la patrie fût dé clarée en danger: malgré toutes ses clameurs, la Jacobinière a été fermée, et aujourd'hui ses habitués n'ont aucun point connu de rassemblement.

Voilà une espèce de succès; en outre, j'observerai qu'il y a des conversions étonnantes; je suis entouré de gens qui, depuis peu de jours, se sont avisés tout-à-coup III.

13