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par la rage et par tout ce que le cœur humain renferme de passions violentes et haineuses?

Le Clubiste. Je ne peux pas nier qu'il y ait quelque apparence de vérité dans ce raisonnement, et, pour croire à l'efficacité de la loi, j'ai besoin de me rappeler tout ce que j'ai entendu dire à son appui, tant à la tribune du Corps législatif qu'à celle du club du manége.

F. F. Quoi tu n'es pas assez instruit par l'expérience pour savoir te défier des déclamations et des impostures de l'esprit de parti au reste, puisque tu replaces dans notre entretien le club du manége, je te demanderai, si ce club est aussi un des moyens que tu crois propres à ranimer l'esprit public; pour moi, je soutiens très-positivement qu'il n'est bon qu'à tuer le peu qui en reste, et que jamais l'or de l'Angleterre, ce funeste aliment de nos longs malheurs ne pouvait être mieux employé qu'à salarier un pareil établissement.

Le Clubiste.-Oh! c'en est trop; peuxtu donc penser que je sois assez lâche pour devenir l'un des agens de Pitt?

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F. F.-Non; mais que tu es assez faible à ton insu pour te laisser diriger par ceux qu'il paye à cet effet.

Quoi qu'il en soit, rentrant dans le fond de la dernière question que je viens de mettre en avant, je t'observerai que rien n'est plus propre à refouler toute espèce de confiance, de même qu'à aigrir tous les esprits, que

d'entendre chaque soir les vociférations affreuses qui sortent de l'antre du manége; que d'en voir vomir une foule de gredins de va-nus-pieds, qui, se débandant de toutes parts comme des bêtes féroces, viennent menacer les citoyens paisibles, dans les rues, dans les promenades, au seuil des portes de leurs maisons l'indignation ne se porte-t-elle pas au comble, lorsqu'on réfléchit que de pareilles voies de fait sont tolérées, protégées même par le Corps législatif qui devrait les punir; lorsqu'on voit la commission du Conseil des Anciens fournir une salle et des gardes aux agitateurs dans l'intérieur de son enceinte, les soustraire ainsi à la jurisdiction ordinaire, et. les revêtir en quelque sorte d'un nouveau caractère d'inviolabilité ?

C'est donc là ce qu'on appelle des moyens. propres à faire renaître l'esprit public! insensés! ô vous, hommes trop peu clairvoyans qui êtes si facilement dupes de l'exaltation hypocrite que provoquent les ennemis de l'Etat ! que ne pouvez-vous être admis dans la société, non pas des contrerévolutionnaires qui se réjouissent de nos folies, mais de ceux-là mêmes des citoyens qui furent le plus attachés à la révolution! vous verriez que, parmi ces derniers, les plus modérés gémissent, et qu'il en est beaucoup aujourd'hui qui, las de persécutions et de troubles, désespèrent en quelque sorte de la liberté, et font des voeux opposés à ce qu'ils désiraient en 1789; le régime de la

terreur est sans cesse présent à leurs yeux; ils n'appellent pas les Russes; mais leur crainte principale se porte vers les Jacobins dont ils se rappellent avec effroi la sanglante domination.

Les femmes surtout, celles-là mêmes qui furent franchement patriotes, celles dont l'imagination généreuse souriait davantage, en 1789, à l'idée alors possible de notre régénération; les femmes, trop bien servies par leur mémoire, et révoltées à l'excès contre l'ordre de choses actuelles, se retracent continuellement la déplorable perspective de la guerre, des prisons et des échafauds.

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« Comment, répètent-elles sans cesse, » avec ce ton de vérité et de sentiment auquel la nature attacha une influence si » active et si puissante; comment, outre » les pertes nombreuses que déjà nous avons faites, il nous faudra trembler toujours » pour nos amans, pour nos époux, pour »> nos enfans, et, tandis que ceux-ci péri» ront encore dans les camps, nous verrons » d'infames bourreaux trancher les jours de » ceux-là! oh! s'il faut absolument choisir » entre les Jacobins et les Russes, nous ne » donnerons pas de vœux aux Jacobins ; » car il nous est bien démontré qu'au monde » il ne peut exister rien de pire. »

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:

Cette opinion des femmes est devenue aujourd'hui l'opinion générale je n'examinerai point ici jusqu'à quel point elle est ou bien ou mal fondée ; mais elle existe, et je ;

dis que le meilleur moyen de faire vaincre les Russes par les Français est de prouver aux Français, autrement que par des paroles, qu'ils n'ont absolument rien à redouter de la part des Jacobins.

N.° 79.

8 THERMIDOR.

OPINION

Sur la question de savoir, s'il faut retran cher du serment républicain ces mots haine à l'anarchie.

» Nullius servilis sententiæ autor et, quoties » necessitas ingrueret, sapienter moderans. ТАСІТЕ.

C'EST EST aujourd'hui la veille du 9 thermidor, cinquième anniversaire de ce jour fameux qui, sauvant des milliers de victimes dévouées à la mort, renversa le règne de Robespierre et quelques-uns de ses complices; eût- on pu croire alors, surtout après les suites de cette journée libératrice, que la France serait menacée des mêmes désordres auxquels elle venait d'échapper !

Cela n'est que trop vrai cependant: les Jacobins ont repris toutes leurs espérances; ils conspirent à l'aise, dans leur repaire protégé du manége, et bravent le peuple français tout entier qui les abhorre; déjà, comme

en 1793, ils dictent effrontément leurs volontés à la représentation nationale.

Leurs orateurs avaient dit; ceux qu'on appelle anarchistes sont les vrais républicains ; ne jurons plus haine à l'anarchie,

Cette motion fut portée au Conseil des Cinq-cents dans la séance du 4 de ce mois, et peut-être elle eût été adoptée sans la courageuse opposition de Chollet, qui fit renvoyer la discussion au 6.

Croyant entrevoir, que quelques esprits commençaient à s'éclairer, et qu'en courant les risques de se mettre en avant, on pouvait du moins espérer être utile à la chose publique, je me déterminai hier à reparaître à la tribune, où, après m'être prononcé avec vigueur contre l'anarchie, je fis naître l'occasion de manifester hautement toute l'horreur que l'injuste agression de la Suisse m'a inspirée.

Je prononçai l'opinion suivante, dont l'impression a été ordonnée.

CITOYENS,

<< Faut-il retrancher du serment républicain ces mots, haine à l'anarchie? Telle est la question qui occupe en ce moment le Conseil je soutiens la négative, et je vais tracer rapidement les motifs qui viennent à l'appui de mon opinion; je tâcherai, dans cette matière délicate, de ne pas réveiller les passions haineuses qui en rendent l'approche extrêmement difficile, »>

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