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Voici les

reflexions qui se sont présentées à mon esprit comment, me suis-je dit, est il possible que la nation Anglaise me propose de faire des cessions à mes ennemis; elle qui m'a garanti mes possessions par des actes authentiques, qui subsistent, et qui sont connus de tout le monde ? Comment consilier deux choses aussi opposées? Il faut donc de nécessité qu'il y ait de l'erreur de la part de mes ministres, et il faut la dissiper.

Je me suis ensuite rappellé la conduite que la Grande Bretagne a tenue avec ses alliés, et je n'y ai trouvé aucun exemple d'infidélité à ses engagemens. L'Angleterre n'abandonna point la Maison d'Autriche par la paix d'Utrect. La guerre qui la précéda avoit été entreprise pour soutenir la balance de l'Europe, et empêcher que ni la Maison de Bourbon ni celle d'Autriche devinssent des puissances prépondérantes. La mort de l'Empereur Joseph changea le cas de la question. Dès lors il était aussi dangereux pour l'Europe que Charles VI. réunit la monarchie Espagnole aux possessions de la Maison d'Autriche, et à la dignité de la Maison Impériale, que de voir passer la succession de l'Espagne au petit fils de Louis XIV.; et la Reine Anne, en faisant sa paix particulière, loin d'abandonner les intérêts de la Maison d'Autriche, lui procura la Flandre, le Milanais, et le royaume de Naples. Dans la dernière paix, les Anglais ont sacrifiés leur propres intérêts à ceux de la Reine de Hongrie; et ils ont rendu le Fort Louis aux

Français, pour que les Français lui restituassent la Flandre.

Dans la guerre que nous faisons, l'état de la question n'a pas changé; et je ne pense pas, Monsieur, qu'un politique en Europe puisse imaginer ou craindre, que la Prusse devienne une puissance prépondérante. Vous n'ignorez pas la cause de l'animosité que la France me témoigne, et vous savez sans doute, Monsieur, qu'elle vient de ce que j'ai préféré votre alliance à la sienne. Si j'ai prévenu les desseins de la Reine de Hongrie et de mes ennemis, c'est que j'ai été instruit de ses projets, c'est que j'en avais les pièces authentiques en main, et c'est poursuivre cet axiome connu, prevenire quam preveniri. Sans doute, tout homme, pour peu raisonnable qu'il soit, ne donnera pas le tems à ses ennemis d'arranger tranquillement tout ce qu'il faut pour l'accabler, et qu'il prendra les devans pour se mettre dans l'avantage. Je n'ai pas toujours été heureux; et quel homme dans l'univers peut disposer de la fortune? Cependant, malgré le nombre de mes ennemis, je suis encore en possession d'une partie de la Saxe, et je suis tres résolu de ne la céder qu'à conditions que les Autrichiens, les Russes, et les Français ne m'ayent rendus tout ce qu'ils m'ont pris.

Je me conduis par deux principes; l'un est l'honneur, et l'autre l'intérêt de l'état que le ciel m'a donné à gouverner. Les loix que ces principes me préscrivent sont premièrement de ne

jamais faire d'action dont j'eusse à rougir, si je devais en rendre compte à mon peuple; et le second, de sacrifier pour le bien et la gloire de ma patrie la dernière goutte de mon sang. Avec ces maximes, Monsieur, on ne céde jamais à ses ennemis; avec ces maximes Rome se soutint contre Hannibal, après la bataille de Cannes; avec ces maximes votre grande Reine Elisabet se soutint contre Philip II., et contre la flotte invincible; par ces mêmes principes Gustave Wasa, dont le nom mérite d'etre cité à côté de celui de la Reine Elisabet, - Gustave Wasa, dis-je, rétablit la Suède, et chassa le tyran Christian du royaume; et c'est par une même magnanimité des princes d'Orange, qu'à force de valeur et de persévérance ils fondèrent la république des Provinces Unies.

Voilà, Monsieur, les modèles que je me suis proposé de suivre. Vous, qui avez de la grandeur et de l'élévation dans l'âme, désaprouvez mon choix si vous le pouvez. Serait-ce donc l'Angleterre, me suis-je dit, qui plaidat la cause de la France et de la Reine de Hongrie, de ces Français, ses éternels ennemis, de cette Reine de Hongrie, qui l'a payée de tant d'ingratitude, cela n'est pas possible; donc cela n'est point. C'est sur les comencemens des règnes des rois que toute l'Europe a les yeux ouverts; on juge par ces prémices quels en seront les suites, et chacun en tire les conséquences. Le Roi d'Angleterre n'a qu'à choisir; il en est le maître deux partis se présentent a lui; l'un que, dans la négociation de

la paix, il ne pense qu'aux intérêts de l'Angleterre, et oublie ceux de ses alliés; l'autre, qu'en consultant ses engagemens, sa bonne foi, et sa gloire, il joigne aux soins qu'il prendra des intérêts de sa nation celui de pourvoir au bien de ses alliés. S'il prend le premier parti, je ne me souviendrai pas moins avec reconnaissance, que la nation Anglaise m'a généreusement assisté pendant cette guerre, quoi qu'il me sera douloureux de penser, que j'ai fait des acquisitions étant l'allié de la France, et que l'étant de l'Angleterre j'ai été dépouillé par mes ennemis. Si le Roi prend le second parti, j'ajouterai aux obligations que je lui dois une vive reconnoissance de sa religion et de sa bonne foi à remplir ses engagemens, et de sa persévérance à soutenir ses fidèles alliés; et la posterité, qui juge les Rois, le comblera de bénédictions.

Je suis persuadé, Monsieur, que vous pensez comme moi. Tout le cours de votre ministère n'a été qu'un enchainement d'actions nobles et généreuses, et les âmes que le ciel a fait de cette trempe ne se démentent pas : c'est en conséquence de ces sentimens, que toute l'Europe admire en vous, et dont j'ai eu plus d'une occasion de me louer, que je suis, avec autant de confiance que d'estime,

Monsieur, votre très-affectioné ami,

FREDERIC.

MR. PITT TO THE KING OF PRUSSIA.

[From a draught in Mr. Pitt's handwriting.]

[Without date.]

SIRE, ASPIRANT sans cesse au point que je le fais, à la gloire d'admirer et de servir votre Majesté, je la supplie d'agréer que je mette à ses pieds les hommages de mon respect et de ma reconnaissance, et que je tâche d'exprimer combien je suis touché des expressions de condescendance et de bonté infinie, à mon sujet, que renferme la lettre dont votre Majesté a daigné m'honorer de sa main. Ma gloire est à son comble, si elle ne discontinue pas de m'accorder son suffrage, et mon bonheur sera complet, si mes actions, ni mes discours ne reçoivent jamais auprès de V. M. une interprétation différente de ce que le zèle le plus pur et l'attachement le plus invariable me dictent. Il est vrai, Sire, qu'il y a eu des momens où ce zèle et cet attachement m'ont fait trembler pour les états et pour le salut du plus invincible Monarque. Plút à Dieu que ces momens fûssent entièrement passés, et que je pûsse dire, avec la sincérité d'un vrai serviteur de V. M., que ces inquiétudes fussent encore dissipées!

Mais c'est trop détourner V. M. sur les sentimens d'un particulier, qui, comme tel, sent tout son néant. Au reste, Sire, la constance du Roi mon maître à soutenir ses alliés est trop connue de ses

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