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CONCLUSION.

LE PASSÉ ET LE PRÉSENT.

I. Le passé.-L'invasion saxonne.

Comment elle a établi la race

et fondé le caractère. — La conquête normande. - Comment elle

a infléchi le caractère et établi la constitution.

La Renais

La Ré

sance. Comment elle a manifesté l'esprit national. forme.- Comment elle a fixé le modèle idéal. La Restauration. Comment elle a importé la culture classique et dévié l'esprit national.- La Révolution.- Comment elle a développé la culture classique et redressé l'esprit national.

L'âge moderne. Comment les idées européennes élargissent le moule national.

II. Le présent.

Le ciel.

merce.

Concordances de l'observation et de l'histoire.

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Le sol. Les produits. L'homme. Le com-
L'industrie. L'agriculture. La société.

La

famille. Les arts. La philosophie. La religion. - Quelles

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forces ont produit la civilisation présente et élaborent la civilisation future.

§ 1.

I

Arrivés au terme de cette longue revue, nous pouvons maintenant embrasser d'un regard l'en

semble de la civilisation anglaise; tout s'y tient: quelques puissances et quelques circonstances primitives ont produit le reste, et il n'y a qu'à suivre leur action continue pour comprendre la nation et son histoire, son passé et son présent. A l'origine, et au plus profond dans la région des causes, apparaît la race. Une nation entière, Angles et Saxons, a détruit, chassé ou asservi les anciens habitants, effacé la culture romaine, s'est établie seule et pure, et n'a trouvé parmi les derniers ravageurs danois qu'une recrue nouvelle et du même sang. C'est là le tronc primitif; de sa substance et de ses propriétés innées naîtra presque toute la végétation 'future. En ce moment, et comme les voilà, seuls dans leur île, ils atteignent un développement tel quel, fruste, brutal et pourtant solide. Ils mangent et boivent, bâtissent et défrichent, surtout pullulent : les peuplades éparses qui ont passé la mer sur des bateaux de cuir deviennent une forte nation compacte, trois cent mille familles, riche, pourvue de bétail, largement épanouie dans l'abondance de la vie corporelle, à demi assise dans la sécurité de la vie sociale, avec un roi, des assemblées respectées et fréquentes, avec de bonnes coutumes judiciaires; chez elle, parmi les fougues et les violences du tempérament barbare, la vieille fidélité germanique maintient les hommes en société, pendant que la vieille indépendance germanique maintient l'homme debout. Dans tout le reste, ils n'avancent guère. Quelques chants tronqués, une épopée où gronde

encore l'exaltation guerrière de l'antique barbarie, des hymnes lugubres, une poésie âpre et furieuse, parfois sublime et toujours rude, voilà tout ce qui subsiste d'eux. En six siècles, ils ont fait à peine un pas hors des mœurs et des sentiments de leur inculte Germanie; le christianisme qui a trouvé prise sur eux par la grandeur de ses tragédies bibliques et la tristesse anxieuse de ses aspirations, ne leur apporte point la civilisation latine; elle demeure à la porte, à peine accueillie par quelques grands hommes, déformée si elle entre par la disproportion du génie romain et du génie saxon, toujours altérée et réduite, si bien, que pour les hommes du continent, les hommes de l'île ne sont que des badauds altérés, ivrognes, et gloutons, en tout cas sauvages et lents, par tempérament et par nature, rebelles à la culture et tardifs dans leur développement.

L'empire de ce monde est à la force. Ils sont conquis pour toujours et à demeure, conquis par des Normands, c'est-à-dire par des Français plus habiles, plus vite cultivés et organisés qu'eux; là est le grand événement qui va achever leur caractère, décider de leur histoire et imprimer dans leur caractère et dans leur histoire l'esprit politique et pratique qui les sépare des autres peuples Germains. Opprimés, enserrés dans le réseau rigide de l'organisation normande, ils ont beau avoir été conquis, ils n'ont pas été détruits; ils sont sur leur sol, chacun avec ses amis et dans sa commune; ils font

corps,

ils sont encore vingt fois plus nombreux que leurs vainqueurs. Leur situation et leurs nécessités feront leurs habitudes et leurs aptitudes. Ils vont endurer, réclamer, lutter, résister ensemble et avec accord, faire effort aujourd'hui, demain, tous les jours, pour n'être pas tués ou volés, pour ramener leurs anciennes lois, pour obtenir ou extorquer des garanties, et par degrés ils vont acquérir la patience, le jugement, toutes les facultés et toutes les inclinations par lesquelles se maintiennent les libertés et se fondent les États. Par un bonheur singulier, les seigneurs normands les y aident; car le roi s'est fait une si grosse part, et se trouve si redoutable que pour réprimer le grand pillard, les petits pillards sont forcés de ménager leurs sujets saxons, de s'allier à eux, de les comprendre dans leurs chartes, de se faire leurs représentants, de les admettre au Parlement, de les laisser impunément travailler, s'enrichir, prendre de la fierté, de la force, de l'autorité, intervenir avec eux dans les affaires publiques. Voilà donc que peu à peu la nation anglaise, enfoncée sous terre par la conquête comme par un coup de masse, se dégage et se relève; cinq cents ans et davantage s'emploient à ce redressement. Mais pendant toute cette durée le loisir a manqué pour la fine et haute culture; il a fallu vivre et se défendre, piocher la terre, tisser la laine, s'exercer à l'arc, aller aux assemblées, au jury, payer et raisonner pour les affaires communes; l'homme important et estimé est celui qui

sait bien se battre et faire de gros profits. Ce qui s'est développé ce sont les mœurs énergiques et militaires; ce qui a régné c'est l'esprit actif et positif; ils ont laissé les lettres et les élégances aux nobles francisés de la cour. Quand le vaillant bourgeois saxon quittait son arc ou sa charrue, c'était pour festiner plantureusement ou pour chanter la ballade de Robin Hood. Il a vécu et agi; il n'a point réfléchi ni écrit; sa littérature nationale se réduit à des fragments et des rudiments, à des chansons de harpistes, à des épopées de taverne, à un poëme religieux, à quelques livres de réforme. En même temps, la littérature normande s'est desséchée; séparée de la tige, et sur un sol étranger, elle a langui dans les imitations; un seul grand poëte, presque Français d'esprit, tout Français de style, a paru, et après lui comme avant lui s'étale le radotage irrémédiable. Pour la seconde fois une civilisation de cinq siècles s'est trouvée stérile de grandes idées et de grandes œuvres, celle-ci plus encore que ses voisines, et à double titre, parce qu'à l'impuissance universelle du moyen âge, s'y joint l'appauvrissement de la conquête, et que des deux littératures qui la composent, l'une, transplantée, avorte, et l'autre, mutilée, cesse de s'épanouir.

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