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APPENDIX.

THE following are the passages, translations of which are given in the text:

From the Speech of M. de Tocqueville.

"Pour parler d'abord de ce que j'ai appelé la classe qui gouverne (remarquez que je prends ces mots dans leur acception la plus générale : je ne parle pas seulement de la classe moyenne, mais de tous les citoyens, dans quelque position qu'ils soient, qui possèdent et exercent des droits politiques) ; je dis donc que ce qui existe dans la classe qui gouverne m'inquiète et m'effraye. Ce que j'y vois, messieurs, je puis l'exprimer par un mot: les mœurs publiques s'y altèrent, elles y sont déjà profondément altérées; elles s'y altèrent de plus en plus tous les jours; de plus en plus aux opinions, aux sentiments, aux idées communes, succèdent des intérêts particuliers, des visées particulières, des points de vue empruntés à la vie et à l'intérêt privés.

"Mon intention n'est point de forcer la chambre à s'appesantir, plus qu'il n'est nécessaire, sur ces tristes détails; je me bornerai à m'adresser à mes adversaires. eux-mêmes, à mes collègues de la majorité ministérielle. Je les prie de faire pour leur propre usage une sorte de revue statistique des collèges électoraux qui les ont envoyés dans cette chambre; qu'ils composent une première catégorie de ceux qui ne votent

pour eux que par suite, non pas d'opinions politiques, mais de sentiments d'amitié particulière, ou de bon voisinage. Dans une seconde catégorie, qu'ils mettent ceux qui votent pour eux, non pas dans un point de vue d'intérêt public ou d'intérêt général, mais dans un point de vue d'intérêt purement local. A cette seconde catégorie, qu'ils en ajoutent enfin une troisième, composée de ceux qui votent pour eux pour des motifs d'intérêt purement individuels, et je leur demande si ce qui reste est très nombreux; je leuré demande si ceux qui votent par un sentiment public désintéressé, par suite d'opinions, de passions publiques, si ceux là forment la majorité des électeurs qui leur ont conféré le mandat de député; je m'assure qu'ils decouvriront aisément le contraire. Je me permettai encore de leur demander si, à leur connaissance, depuis cinq ans, dix ans, quinze ans, le nombre de ceux qui votent pour eux par suite d'intérêts personnels et particuliers ne croît pas sans cesse; si le nombre de ceux qui votent pour eux par opinion politique ne décroît pas sans cesse? Qu'ils me disent enfin si autour d'eux, sous leurs yeux, s'établit pas peu à peu, dans l'opinion publique, une sorte de tolérance singulière pour les faits dont je parle, si peu à peu il ne se fait pas une sorte de morale vulgaire et basse, suivant laquelle l'homme qui possède des droits politiques se doit à lui-même, doit à ses enfans, à sa femme, à ses parents, de faire un usage personnel de ces droits dans leur intérêt; si cela ne s'élève pas graduellement jusqu'à devenir une espèce de devoir de père de famille? Si cette morale nouvelle, inconnue dans les grands temps de notre histoire, inconnue au commencement de notre Révolution, ne se développe pas de

il ne

plus en plus, et n'envahit pas chaque jour les esprits.

Je le leur demande?

"Je crois, messieurs, qu'on peut, sans blesser personne, dire que le gouvernement a ressaisi, dans ces dernières années surtout, des droits plus grands, une influence plus grande, des prérogatives plus considérables, plus multiples, que celles qu'il avait possédées à aucune autre époque. Il est devenu infiniment plus grand que n'auraient jamais pu se l'imaginer, non sculement ceux qui l'ont donné, mais même ceux qui l'ont reçu en 1830. . . . C'est en ressaisissant de vieux pouvoirs qu'on croyait avoir abolis en juillet, en faisant revivre d'anciens droits qui semblaient annulés, en remettant en vigeur d'anciennes lois qu'on jugeait abrogées, en appliquant les lois nouvelles dans un autre sens que celui dans lequel elles avaient été faites, c'est par tous ces moyens détournés, par cette savante et patiente industrie, que le gouvernement a enfin repris plus d'action, plus d'activité et d'influence, qu'il n'en avait peut-être jamais eu en France en aucun temps. . . . Et pensezvous, messieurs, que cette manière que j'ai appelée tout à l'heure détournée et subreptice, de regagner peu peu la puissance, de la prendre en quelque sorte par surprise, en se servant d'autres moyens que ceux que la constitution lui avait donnés; croyez-vous que ce spectacle étrange de l'adresse et du savoir-faire donné publiquement pendant plusieurs ann'es, sur un si vaste théâtre, à toute une nation qui le regarde, croyez-vous que tel spectacle ait été de nature à améliorer les mœurs publiques? . . . Ils croient que la révolution qui s'est opérée depuis quinze ans dans les droits du pouvoir était nécessaire, soit; et ils ne l'ont pas fait par

un intérêt particulier je le veux croire; mais il n'est pas moins vrai qu'ils l'ont opérée par des moyens que la moralité publique désavoue; il n'est pas moins vrai qu'ils l'ont opérée en prenant les hommes, non par leur côté honnête, mais par leur mauvais côté-par leurs passions, par leur faiblesse, par leur intérêt, souvent par. leurs vices. C'est ainsi que tout en voulant peutêtre un but honnête, ils ont fait des choses qui ne l'étaient pas. Et pour faire ces choses il leur a fallu appeler à leur aide, honorer de leur faveur, introduire dans leur compagnie journalière, des hommes qui ne voulaient ni d'un but honnête, ni de moyens honnêtes, qui ne voulaient que la satisfaction grossière de leurs intérêts privés, à l'aide de la puissance qu'on leur confiait. . . . Je ne regarde pas ce fait comme un fait isolé; je le considère comme le symptôme d'un mal général, le trait le plus saillant de toute une politique : en marchant dans les voies que vous aviez choisies, vous aviez besoin de tels hommes. . . .

"Pour la première fois depuis quinze ans, j'éprouve une certaine crainte pour l'avenir; et ce qui me prouve que j'ai raison, c'est que cette impression ne m'est pas particulière: je crois que je puis en appeler à tous ceux qui m'écoutent, et que tous me répondront que dans les pays qu'ils représentent, une impression analogue subsiste; qu'un certain malaise, une certaine crainte a envahi les esprits; que, pour la premiere fois peut-être depuis seize ans, le sentiment, l'instinct de l'instabilité, ce sentiment précurseur des révolutions, qui souvent les annonce, qui quelquefois les fait naître, que ce sentiment existe à un dégré très grave dans le pays.. Est-ce que vous ne ressentez-pas, par une sorte d'intui

...

tion instinctive qui ne peut pas s'analyser, mais qui est certaine, que le sol tremble de nouveau en Europe? Est-ce que vous ne sentez-pas que dirai-je? un vent de révolutions qui est dans l'air? Ce vent, on ne sait où il na't, d'où il vient, ni, croyez-le bien, qu'il enlève. . .

"Ma conviction profonde et arrêtée, c'est que les mœurs publiques se dégradent, c'est dégradent, c'est que la dégradation des mœurs publiques vous amènera, dans un temps court, prochain peut-être, à des révolutions nouvelles. ... Est-ce que vous avez à l'heure où nous sommes, la certitude d'un lendemain? Est-ce que vous savez ce qui peut arriver en France d'ici à un an, à un mois, à un jour peut-être? Vous l'ignorez; mais ce que vous savez, c'est que la tempête est à l'horizon, c'est qu'elle marche sur vous; vous laisserez-vous prévenir par

elle?

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Messieurs, je vous supplie de ne pas le faire; je ne vous le demande pas, je vous en supplie: je ne mettrais volontiers à genoux devant vous, tant je crois le danger réel et sérieux, tant je pense que le signaler n'est pas recourir à une vaine forme de rhetorique. Oui, le danger est grand! conjurez le quand il en est temps encore corrigez le mal par des moyens efficaces, non en l'attaquant dans ses symptômes, mais en lui-même.

Ce On a parlé de changements dans la législation. Je suis très porté à croire que ces changements sont non seulement utiles, mais nécessaires: ainsi je crois à l'utilité de la réforme électorale, à l'urgence de la réforme parlementaire; mais je ne suis pas assez insensé, messieurs, pour ne pas savoir que ce ne sont pas les lois elles-mêmes qui font la destinée des peuples; non, ce

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