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Français, pour que les Français lui restituassent la Flandre.

Dans la guerre que nous faisons, l'état de la question n'a pas changé; et je ne pense pas, Monsieur, qu'un politique en Europe puisse imaginer ou craindre, que la Prusse devienne une puissance prépondérante. Vous n'ignorez pas la cause de l'animosité que la France me témoigne, et vous savez sans doute, Monsieur, qu'elle vient de ce que j'ai préféré votre alliance à la sienne. Si j'ai prévenu les desseins de la Reine de Hongrie et de mes ennemis, c'est que j'ai été instruit de ses projets, c'est que j'en avais les pièces authentiques en main, et c'est poursuivre cet axiome connu, prevenire quam preveniri. Sans doute, tout homme, pour peu raisonnable qu'il soit, ne donnera pas le tems à ses ennemis d'arranger tranquillement tout ce qu'il faut pour l'accabler, et qu'il prendra les devans pour se mettre dans l'avantage. Je n'ai pas toujours été heureux; et quel homme dans l'univers peut disposer de la fortune? Cependant, malgré le nombre de mes ennemis, je suis encore en possession d'une partie de la Saxe, et je suis tres résolu de ne la céder qu'à conditions que les Autrichiens, les Russes, et les Français ne m'ayent rendus tout ce qu'ils m'ont pris.

Je me conduis par deux principes; l'un est l'honneur, et l'autre l'intérêt de l'état que le ciel m'a donné à gouverner. Les loix que ces principes me préscrivent sont premièrement de ne

jamais faire d'action dont j'eusse à rougir, si je devais en rendre compte à mon peuple; et le second, de sacrifier pour le bien et la gloire de ma patrie la dernière goutte de mon sang. Avec ces maximes, Monsieur, on ne céde jamais à ses ennemis; avec ces maximes Rome se soutint contre Hannibal, après la bataille de Cannes; avec ces maximes votre grande Reine Elisabet se soutint contre Philip II., et contre la flotte invincible; par ces mêmes principes Gustave Wasa, dont le nom mérite d'etre cité à côté de celui de la Reine Elisabet, Gustave Wasa, dis-je, rétablit la Suède, et chassa le tyran Christian du royaume; et c'est par une même magnanimité des princes d'Orange, qu'à force de valeur et de persévérance ils fondèrent la république des Provinces Unies.

Voilà, Monsieur, les modèles que je me suis proposé de suivre. Vous, qui avez de la grandeur et de l'élévation dans l'âme, désaprouvez mon choix si vous le pouvez. Serait-ce donc l'Angleterre, me suis-je dit, qui plaidat la cause de la France et de la Reine de Hongrie, de ces Français, ses éternels ennemis, de cette Reine de Hongrie, qui l'a payée de tant d'ingratitude, - cela n'est pas possible; donc cela n'est point. C'est sur les comencemens des règnes des rois que toute l'Europe a les yeux ouverts; on juge par ces prémices quels en seront les suites, et chacun en tire les conséquences. Le Roi d'Angleterre n'a qu'à choisir ; il en est le maître deux partis se présentent a lui; l'un que, dans la négociation de

la paix, il ne pense qu'aux intérêts de l'Angleterre, et oublie ceux de ses alliés; l'autre, qu'en consultant ses engagemens, sa bonne foi, et sa gloire, il joigne aux soins qu'il prendra des intérêts de sa nation celui de pourvoir au bien de ses alliés. S'il prend le premier parti, je ne me souviendrai pas moins avec reconnaissance, que la nation Anglaise m'a généreusement assisté pendant cette guerre, quoi qu'il me sera douloureux de penser, que j'ai fait des acquisitions étant l'allié de la France, et que l'étant de l'Angleterre j'ai été dépouillé par mes ennemis. Si le Roi prend le second parti, j'ajouterai aux obligations que je lui dois une vive reconnoissance de sa religion et de sa bonne foi à remplir ses engagemens, et de sa persévérance à soutenir ses fidèles alliés; et la posterité, qui juge les Rois, le comblera de bénédictions.

Je suis persuadé, Monsieur, que vous pensez comme moi. Tout le cours de votre ministère n'a été qu'un enchainement d'actions nobles et généreuses, et les âmes que le ciel a fait de cette trempe ne se démentent pas: c'est en conséquence de ces sentimens, que toute l'Europe admire en vous, et dont j'ai eu plus d'une occasion de me louer, que je suis, avec autant de confiance que

d'estime,

Monsieur, votre très-affectioné ami,

FREDERIC.

MR. PITT TO THE KING OF PRUSSIA.

[From a draught in Mr. Pitt's handwriting.]

SIRE,

[Without date.]

ASPIRANT sans cesse au point que je le fais, à la gloire d'admirer et de servir votre Majesté, je la supplie d'agréer que je mette à ses pieds les hommages de mon respect et de ma reconnaissance, et que je tâche d'exprimer combien je suis touché des expressions de condescendance et de bonté infinie, à mon sujet, que renferme la lettre dont votre Majesté a daigné m'honorer de sa main. Ma gloire est à son comble, si elle ne discontinue pas de m'accorder son suffrage, et mon bonheur sera complet, si mes actions, ni mes discours ne reçoivent jamais auprès de V. M. une interprétation différente de ce que le zèle le plus pur et l'attachement le plus invariable me dictent. Il est vrai, Sire, qu'il y a eu des momens où ce zèle et cet attachement m'ont fait trembler pour les états et pour le salut du plus invincible Monarque. Plût à Dieu que ces momens fûssent entièrement passés, et que je pûsse dire, avec la sincérité d'un vrai serviteur de V. M., que ces inquiétudes fussent encore dissipées !

Mais c'est trop détourner V. M. sur les sentimens d'un particulier, qui, comme tel, sent tout son néant. Au reste, Sire, la constance du Roi mon maître à soutenir ses alliés est trop connue de ses

ennemis, et trop respectée de toute l'Europe, pour qu'il soit nécessaire ou convenable de la déployer par des paroles; d'autant que les âmes héroïques se rendent toujours justice, et que V. M. sentira bien mieux que je ne le saurais dire, l'étendue de l'amitié et de la fermeté du Roi. Je suis avec le plus profond respect, Sire, de votre Majesté, &c. W. PITT.

THE EARL OF GRANVILLE (1) TO MR. PITT.

Sunday, April 5, 1761.

LORD GRANVILLE presents his compliments to Mr. Pitt, and thanks him for the communication

(1) John Carteret, earl of Granville, was born in 1690, and educated at Christchurch, Oxford; whence, according to Swift, "he carried away more Greek, Latin, and philosophy, than properly became a person of his rank." In 1719, he was sent ambassador to Denmark; in 1721, on the death of Craggs, he was made secretary of state; and in 1724, lord-lieutenant of Ireland. On the removal of Sir Robert Walpole in 1742, he was reappointed secretary of state; which office he resigned in 1744. In 1746, on the attempt to form a new ministry, with the Earl of Bath at its head, Lord Granville again succeeded in obtaining the seals of office; which, however, he was compelled almost immediately after to resign," the new administration," according to a jeu d'esprit, intitled 'A History of the Long Administration,' having lasted only "forty-eight hours, three quarters, seven minutes, and eleven seconds; which," continues the historian, "may be truly called the most wise and most honest of all administrations; the minister having, to the astonishment of all wise men, never transacted one rash thing, and, what is more marvellous, left as much money in the treasury as he found in it."

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